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Schéma de principe du lit-abri. © E. Marie-Luce

 

Des essais menés par le CTBA ont permis, en reproduisant les charges et les contraintes sismiques, d’optimiser le dimensionnement des structures anti-écrasement afin de protéger les lits qui deviendraient de ce fait, des espaces de survie en cas d’effondrement des constructions. Fort des résultats obtenus, Emanuel Marie-Luce a étendu sa proposition à la réalisation de berceaux et d’armoires anti-écrasement.

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Le lit-abri. © E. Marie-Luce.

 

De ce fait, la protection pouvait couvrir une plus large population, au-delà des seules personnes alitées ou à mobilité réduite. Ces meubles anti-écrasement, sont alors équipés d’un matériel permettant de faciliter le travail de équipes de sauvetage et de gérer au mieux les conditions de survie (balises gps, radios téléphone, sifflets, kit de premier secours, réserve d’eau, etc…)
Monsieur Marie-Luce, avec le concours de l’Architecte Urgentiste Serge Gunot, franchit ensuite un second palier en extrapolant les premiers résultats pour proposer une structure anti-écrasement permettant de protéger une salle entière.

En déclinant ce procédé technique visant à réaliser ‘’des pièces de confinement Sékirit’li’’, nous permettons aussi aux petits immeubles collectifs et aux multiples ‘’maisons de ville’’ qui constituent nos centres anciens et sont ouvertes au public, de participer à leur tour à la mitigation du risque.
En effet, si la conception parasismique peut permettre de construire des bâtiments neufs capables de préserver les vies humaines, nous ne pouvons pas imaginer de reconstruire tout l’habitat existant en Martinique, notamment les écoles, fragilisées par les tremblements de terre successifs de ces dernières années.
Il y a donc à travers les solutions que nous préconisons avec le concept « Sékirit’li », un immense champ de recherche à étudier et à poursuivre.

Comment intégrer les structures de confinement, comment les associer au confortement de constructions les plus vulnérables, aux maisons souvent auto-construites, notamment les maisons dites “sur pilotis”, tout en offrant un refuge sur, en cas de risques sismiques et d’ouragan majeur, etc.. ?
Les logements vulnérables, les bâtiments classés et historiques recevant du public représentent un marché sans précédent, offriraient l’opportunité d’intégrer des salles anti-écrasement parasismiques.
Concernant les logements sociaux des précédentes décennies, en dehors de l’ajout de la salle de confinement, ils nécessitent par exemple une réhabilitation conséquente de leur toiture. Une telle démarche ferait naître une filière de métiers et de spécialités génératrice de multiples emplois. La structure anti-écrasement offre une poche de sécurité à l’intérieur de toutes ces maisons vulnérables et réduit le risque avec un investissement raisonnable.

La Martinique, forte de ses avancées face aux risques majeurs, a aujourd’hui, la possibilité de créer des solutions innovantes qui intéresseraient l’ensemble de la Caraïbe, voire tous les pays qui sont confrontés aux mêmes aléas que nous.

L’exemple de l’immeuble de l’AMIOF

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Immeuble de l’AMIOF à Fort de France. © S. Gunot arch.

 

Ce petit immeuble, situé dans le centre ancien de Fort-de-France, est la propriété d’une association qui assume une délégation de service public auprès d’une population aux revenus relativement modestes. Au cœur d’une ville qui a tendance à se désertifier au bénéfice des centres commerciaux de la périphérie, il abrite une activité parfaitement accessible aux usagers du transport en commun qui font encore vivre la ville.

L’AMIOF envisage la reconstruction d’une partie du bâtiment en fond de parcelle. Cette partie neuve sera bien sûr conforme aux normes parasismiques en vigueur, toutefois, en cas de séisme et d’évacuation des locaux, les usagers seraient contraints de traverser la partie ancienne dont la stabilité n’est pas garantie. Compte tenu de la densité du tissu urbain et des contraintes de mitoyennetés et, surtout de la limite du budget mobilisable, il est impossible de procéder à un renforcement parasismique de l’ensemble de la structure.

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Vue perspective du rez-de-chaussée de l’ immeuble AMIOF avec une structure antiécrasement. © S. Gunot arch.

 

La réalisation d’une structure anti-écrasement au rez-de-chaussée permet dans ce cas de protéger l’unique accès en aménageant la zone d’accueil en ‘’salle de confinement ‘’.
Cette structure peut être réalisée suivant deux procédés ; soit par un assemblage de tubes métalliques en acier, identique à la solution lit anti-écrasement, soit par un assemblage de panneaux rigides autoportants.

Dans le premier cas, l’aspect architectural peut être préservé, ce qui conviendrait mieux au caractère patrimonial de nos anciennes construction créoles, pour des espaces de vie relativement ouverts et perméables.

Dans le second cas plus économique, la mise en place des panneaux implique une redéfinition de la ‘’décoration intérieure’’ plus adaptée à la création de véritables salles de confinement quand l’espace le permet, ou en utilisant des locaux plus ‘’fermés’’ de par leur fonction (locaux serveurs par exemple)

L’exemple de l’annexe du Presbytère du Prêcheur

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Le presbytère du Prêcheur. © F. Dufort, architecte.
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Presbytère du Prêcheur: coupe transversale 3D sur la structure Ant-écrasement de la grande salle. © S. Gunot arch.

 

Dans le cadre de la démarche expérimentale d’aménagement du centre bourg du Prêcheur, la Municipalité envisage d’utiliser le rez-de-chaussée de l’annexe du presbytère pour l’hébergement de l’équipe de maitrise d’œuvre en charge du projet. Cet espace serait un ‘’atelier’’ lieu d’exposition, de rencontre et d’échange avec le public.
L’immeuble concerné est composé d’une structure porteuse en béton armé avec remplissage maçonné et comporte un plancher R+1 en bois. La charpente en bois supporte une couverture en tuile.
Un diagnostic technique a été établi le 3 septembre 2018, les investigations concernent l’état de conservation du bâtiment, mais n’ont pas abordé la tenue aux contraintes sismiques, en l’absence de plans d’exécution de la structure, et faute de sondages destructifs.

Il n’est donc préconisé que des travaux de ravalement et d’autres interventions sur certains aciers.
La société Caraïb-Securit, dépositaire de la marque Sékirit’li propose d’équiper la grande salle du rez-de-chaussée, dans le cadre de cette opération expérimentale, d’un prototype de structure anti-écrasement.
Cette structure sera mixte (panneaux autoportants et structure tubulaire), compte tenu des nombreuses ouvertures de la salle dont la surface utile sera de 35,48 m2. Le plafond sera composé de panneaux nervurés de type PROMISOL .T utilisé pour la réalisation de planchers secs.
Equipement du placard de survie : kit de soins d’urgence, GPS, balises, radios, petit matériel, eau en bouteilles, etc…

Cette liste non exhaustive sera affinée avec les sociétés spécialisées dans la production de kit de survie, en fonction de l’effectif envisagé dans la salle.

  • Déc. 2018
  • Par Serge Gunot , Architecte
  • Source : https://anabf.org/