Gestion des Déchets / Valorisation

Ressourcerie, la solution zéro déchet, 100% développement durable…

Le monde croule sous les déchets d’une société humaine qui a fait du gaspillage des ressources et de la surconsommation son mode de vie et de fonctionnement…En Europe, sur différents territoires, des gens de bonne volonté parmi la population civile cherchent des solutions et inventent une nouvelle économie sociale et solidaire, à leur échelle. C’est le cas de TRI, cette association franc-comtoise qui depuis 24 ans, dans sa région, valorise par réemploi ou recyclage la presque totalité des déchets qu’elle collecte tout en développant l’emploi par insertion dans une logique territoriale solidaire. Nous sommes allés visiter la ressourcerie de TRI à Quingey, l’une des premières et des plus anciennes structures de ce type dans l’hexagone.

« C’est fou ce que les gens jettent ! » constate Fabienne Dole, notre guide, chargée de la communication de TRI. Effectivement, telles des fourmis, les employés et les bénévoles de cette ressourcerie s’activent parmi des montagnes d’objets mis au rebut dans quelques 2700m2 de locaux. Cent vingt salariés par an dont les 2/3 en insertion et quatre-vingt bénévoles travaillent ici à collecter, trier, réparer, valoriser, puis vendre dans le magasin de l’association, des objets, des vêtements, des meubles, des livres, des matériaux  ou à trouver des filières de recyclage pour les différents matériaux.

Ici, rien n’est jeté, rien n’est brûlé, l’objectif est le zéro déchet…

Les filières s’affinent selon Fabienne Dole : « On essaie au fur et à mesure de trouver des filières de recyclage pour toutes les matières. Il y a 24 ans déjà on ramassait les boîtes de conserve à l’époque où le tri sélectif n’avait pas encore été mis en place, les métaux, le carton, après les plastiques et puis petit à petit cela s’est diversifié pour arriver aujourd’hui à avoir six à sept bennes de collecte différentes. Tout est trié par type de matière. Si c’est un objet que l’on remet en vente, on parle de réemploi sinon on parle de recyclage par matière. » Sur le site de Quingey, le tissu et les vêtements représentent 2% de la vente au particulier alors que c’est aussi ce qui est le plus collecté. « On met du zéro défaut en vente, le reste du textile part au recyclage pour fabriquer de nouveaux matériaux d’isolation. ». TRI a mis récemment un nouveau service en place, la collecte à domicile  « On ramasse les meubles et les objets, on les trie et on les remet en vente après avoir fait parfois quelques réparations. On a un atelier de valorisation des meubles pour les petites réparations. Les gens viennent aussi chercher des meubles à restaurer, ils aiment les restaurer eux-mêmes. Il y a aussi l’atelier textile et jouets, ensuite il y a l’atelier livre qui est très important. La vente des livres représente à peu près 10% du chiffre d’affaire de nos ventes. Il y a une grosse équipe de bénévoles qui s’occupe de trier les livres, une partie arrive en magasin, ce qui ne peut pas être vendu part à la benne papier pour le recyclage. Ensuite on a un atelier électroménager et ordinateur. Tous les appareils qui arrivent sont testés, s’ils ne fonctionnent pas, ils partent à la benne des déchets électroniques. Et puis, il y a un atelier vaisselle, elle est trié, une partie part au magasin à la vente, le reste est cassé et mis à la benne pour les gravats. Tout ce qui ne peut pas être valorisé et vendu sur place part au recyclage, rien ne part aux ordures ménagères, ni à l’incinérateur. Tout cela s’est mis en place petit à petit, avec l’émergence de nouvelles filières et la prise de conscience des déchets. On a été beaucoup soutenu par la communauté de commune et on est dans une région où les gens sont sensibilisés et bougent. » L’équipe de Tri n’est pas étrangère à cet état d’esprit puisqu’elle intervient depuis 20 ans dans les écoles dans le cadre de campagnes de sensibilisation au déchet et au tri, à la consommation, au compostage. « Malheureusement, les gens jettent toujours autant car nous sommes dans une société de consommation. Les gens jettent des choses neuves et auparavant ça partait à l’incinérateur, le positif c’est qu’à présent, ils ont le réflexe d’amener leurs déchets au Tri.  Il y a aussi le ramassage des encombrants, cela a toujours existé, c’est ce qu’on appelle les « mortes ». Ce qui peut être revendu vient ici, le reste part à la déchetterie directement pour être recyclé. Et nous avons des agents dans les déchetteries de la région qui sensibilisent les gens au tri et à la valorisation des déchets».

Les seuls objets qui n’ont pas de filière de recyclage pour l’instant sont les peluches et les valises à roulette et l’équipe de TRI recherche de nouvelles entreprises, capables de recycler ces matières.

 

La ressourcerie TRI a aussi une fonction sociale dans la région puisque elle emploie une bonne partie de son personnel en insertion, auquel se joint des bénévoles.

« C’est ce qui fait la richesse de l’association, il y a une remise à l’emploi et une solidarité. » Vanessa Chay, encadrante de la valorisation, s’occupe aussi des chaines de solidarité et nous explique où partent les textiles qui ne sont pas vendus sur le site de Quingey : « Actuellement on remplit un semi-remorque tous les trois jours, ils partent dans une autre centrale de tri en Alsace. Il y a un nouveau tri par matière, c’est ensuite revendu pour les pays de l’Est, pour l’Afrique et pour le « métisse », c’est un isolant phonique fabriqué en coton. En ce moment, on accueille une association du Burkina Fasso  qui récupère tout ce qui a été valorisé et qui est invendu au magasin, il y a des vêtements et des jouets pour les enfants, du matériel paramédical comme les béquilles, les fauteuils roulants… »

La ressourcerie de Quingey fonctionne toute l’année avec quatre fonctions principales, la collecte, la valorisation, la vente et la sensibilisation et puis l’association a récupéré l’activité d’une blanchisserie qui devait fermer et employait beaucoup de femmes de la région. Le personnel plutôt féminin travaille à présent en insertion dans cette blanchisserie de TRI qui amène du chiffre d’affaire à l’activité. La blanchisserie mise aux dernières normes, est elle aussi dans une démarche éco-responsable.

Ainsi, la ressourcerie TRI est devenue avec le soutien des collectivités locales dès la première heure, la motivation de ses équipes et de la population, une entreprise éco-responsable incontournable dans sa région qui a fait des émules sur le reste du territoire national.

Nathalie Laulé, en Franche-Comté.

Laissez un commentaire