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Au cœur des ateliers solidaires et créatifs au Prêcheur

Nous avons rencontré Emilie Rendu,  la couturière du prêcheur qui à décidé de mettre son talent au service de la communauté et du développement durable.

Emilie RENDU : “L’association a été créée en juillet 2017 mais l’atelier chantier d’insertion à démarré en août 2020, nous sommes encore une structure assez récente.”

Martinique 2030: Bonjour, pouvez-vous vous présenter votre activité Madame RENDU ?

Emilie RENDU: Je suis la directrice de l’association LATCOPS qui s’occupe d’ateliers solidaires et créatifs et qui gère un atelier chantier d’insertion sur le Prêcheur. Notre activité principale, c’est le recyclage de matériaux souples, comme du textile, du cuir etc.

M2030: Quels sont les principaux besoins pour cette entreprise ?

ER : Nos besoins se situent surtout au niveau de la logistique. En fait, nous organisons notre collecte avec les membres bénévoles de l’association et pour l’instant nous avons vraiment besoin de véhicules pour la collecte et de matériel un petit peu plus professionnel que celui que nous avons déjà, notamment pour la coupe.

M2030 : Quels sont vos principaux objectifs?

ER : Le but du chantier d’insertion n’est pas de demeurer ou de rester un chantier d’insertion. Notre but est d’abord de créer de l’activité, de sensibiliser les salariés, ainsi que de sensibiliser le peuple martiniquais sur l’environnement et sur cette nécessité de gérer les déchets. Nous sommes dans le textile, nous espérons progresser et l’idée est de mettre en place une structure pérenne en passant par l’entreprise d’insertion. En ce moment nous sommes un atelier chantier d’insertion avec des besoins énormes en formation car c’est très technique. Comme nous sommes un petit peu éloignés des centres de formation et que cela est difficile par rapport à la mobilité des salariés, le but est de se structurer en entreprise d’insertion ou en coopérative. On verra l’orientation que nous prendrons car nous avons été ralentis par la pandémie du COVID. Nous avons dû revoir nos objectifs, ainsi que nos moyens à la suite de cette crise. Nos donneurs d’ordre se sont méfiés et beaucoup ont fermé la porte. Mais nous avons quand même une production que nous espérons pouvoir vendre de manière beaucoup plus active grâce à un espace commercial sachant qu’Il y a des niches d’emploi dans cette activité.

M2030 : Y a-t-il de nouveaux emplois à promouvoir?

ER : Oui, il y a des niches d’emplois seulement cela prendra un peu plus de temps que prévu à cause de la pandémie et également parce qu’on avait peut-être mal évalué les problèmes de mobilité des personnes qui sont en insertion, car la formation n’est pas à la portée de tous en termes de territoire.

M2030 : Que conseillez-vous en termes de formation ?

ER : Bien évidemment des formations qui sont orientées vers le textile… Ce sont les formations de couturier, d’ameublement, de réparateurs de vêtements, de bagagistes éventuellement, ça aussi, c’est intéressant et puis d’autres projets concernant la transformation des déchets en matériel d’isolation pour les voitures par exemple.

M2030 : Pouvez vous nous donner votre zone de chalandise ?

ER : Nous sommes au Prêcheur, la ville a mis à disposition un espace, on va dire d’exposition, mais il est vraiment primordial maintenant que nous nous orientions autrement pour sortir afin de montrer ce que nous savons faire, dans les lieux où il y a effectivement une clientèle potentielle. Nous sommes aussi sur le territoire de la Cacem, et cela nous permet de créer des liens avec les autres communes.

M2030 : Quel est le cœur de votre activité ?

ER : Nous ne faisons pas que de la transformation textile, nous nous sommes lancés dans cette expérience pour diminuer la consommation et l’utilisation des sacs plastiques. Nous nous spécialisons sur ce qu’on appelle les contenants, les sacs, pochettes, cabas…Notre deuxième secteur d’activité est la réparation. Nous réparons des parasols par exemple, ainsi que tout ce qui peut être réparable en termes de matériaux souples.

Nous travaillons avec des entreprises, une en particulier sur le nord pour réparer des tenues professionnelles. Nous essayons de nous faire connaître par la même occasion parce que ne pas jeter et transformer, c’est préserver l’environnement.

M2030 : Avez-vous des concurrents à proximité ?

ER : Directement non. Car notre activité est essentiellement de la transformation mais il y a aussi une notion artistique on y retrouve beaucoup de décoration, beaucoup d’ameublement et aussi des objets utiles comme les cabas et les sacs.

M2030 : D’où vient votre savoir-faire ?

ER : J’étais professionnelle de l’habillement donc j’avais mon atelier dans lequel j’exerçais le métier de couturière. Chez moi, c’est une passion et comme en même temps, je participais à des manifestations autour de l’environnement, j’y suis très sensible d’ailleurs. Nous avons aussi des projets qui vont être mis en place pour pouvoir tenter de désamorcer la bombe du chômage longue durée.

M2030 : Quand a été créée l’association ?

ER : L’association a été créée en juillet 2017 mais l’atelier chantier d’insertion à démarré en août 2020. Nous sommes encore une structure assez récente.

M2030 : Quelles sont les plus grosses difficultés que vous rencontrez ?

ER : Ce sont surtout des difficultés de trésorerie parce que nous sommes amenés à nous déplacer assez fréquemment, ce qui occasionne beaucoup de frais et nous n’avons pas encore d’aide à ce niveau-là. Il y a également des freins qui sont liés à l’installation en particulier des jeunes et de leur mobilité. Mais ce sont surtout les problèmes de santé que nous ne sommes pas les seuls à avoir constaté. Souvent les apprentis sont très fatigués ou encore, ils ont des problèmes digestifs liés à l’alimentation. Pour pallier cela, nous animons également des ateliers avec des professionnels pour leur indiquer des techniques de façon à ce qu’ils mangent de manière plus saine avec leurs moyens.

M2030 : Quels sont vos projets pour le futur?

ER : Nous essayons le plus que possible de sensibiliser, nous ne sommes pas uniquement au sein de la CCI ( chambre de commerce et d’industrie ), nous nous déplaçons, et organisons des petits ateliers de sensibilisation sur ce que nous savons faire. Nous possédons d’ailleurs un local associatif à Fort-de-France.

Nous avons un deuxième projet qui est en direction des jeunes sportifs et nous attendons l’agrément de la direction départementale du travail pour embaucher une ACI ( ateliers et chantiers d’insertion), qui va travailler les déchets de bois.

Nous espérons vraiment pouvoir démarrer ça avec des jeunes qui sont déjà dans une structure sportive, mais qui ont de grandes difficultés pour maintenir le cap des entraînements.

Nous savons que la délinquance s’installe très rapidement et avec le maire nous avons déposé un dossier et nous attendons la réponse pour créer un atelier chantier d’insertion pour la récupération et la transformation du bois.

Propos recueillis par Maxime MAGRI et Luca TALBAT

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