Economie Circulaire et Sociale

Un Programme Territorial de Synergies Interentreprises pour mettre en œuvre l’Economie Circulaire sur nos territoires.

Il s’agit d’un programme national de coopération au cœur du développement économique, favorisant les synergies entre les entreprises pour améliorer la résilience des territoires en termes de production d’énergie, de gestion et de recyclage des déchets, d’exploitation et de valorisation des ressources locales afin de les substituer aux matières importées… C’est le plus vaste programme d’écologie industrielle et territoriale conduit en France métropolitaine et en Outre-Mer. Il est mis en œuvre en Martinique par la DEAL avec le soutien de l’INEC, l’Institut National de l’Economie Circulaire. Nous avons pu en parler avec Denis Etienne, chargé de mission pour la promotion du développement durable à la Deal Martinique. 

Denis Etienne: « La CCIM a fait remonter un besoin en économie circulaire pour les industriels de la Martinique »

Cette initiative fait-elle partie d’un dispositif National ? Oui, cela a été mis en œuvre en métropole par l’INEC, avec une méthodologie particulière. Il y a un programme territorial de synergie interentreprises, qui s’appuie sur la méthodologie du programme national. L’INEC traite de tous les aspects de l’économie circulaire. Ils viennent en renfort auprès de la DEAL en Martinique, en charge de la mise en œuvre. Cette méthode a déjà été mise en œuvre en Guadeloupe l’année dernière.

Cela consiste en quoi exactement ? On applique toujours la même méthodologie. On réunit entre 30 et 40 entreprises présélectionnées. On étudie les flux de matières de ces entreprises, les matières premières importées mais aussi les déchets générés, sachant que ces déchets peuvent devenir des ressources pour d’autres. Il s’agit ensuite de mettre en place des synergies au niveau des matières, de l’énergie, du personnel, de créer des coopérations entre les entreprises qui peuvent s’entraider ou abaisser leurs coûts de production.

Ces entreprises sont-elles toutes dans les mêmes domaines ? Pas forcément, ça peut être de la grande distribution, du recyclage, du stockage…

Quels sont les critères de présélection des entreprises? Nous nous attachons d’abord à un territoire,  ici celui de la CACEM, Jambette, Californie, Lézarde. Déjà il faut que les entreprises soient motivées, volontaires. Puis on fait un atelier de travail, on étudie ce qu’il y a comme synergie possible entre ces entreprises. On est appuyé par l’association Entreprises et Environnement qui recrute un chargé de mission et qui met en œuvre sur la durée ce qui a été identifié en ateliers de travail. Puis il faudra accompagner les entreprises pour concrétiser ces synergies et élargir le dispositif au reste de la Martinique. Nous avons d’ores et déjà monté un comité de pilotage avec la CACEM, le CTM,  la CCIM, l’ADEME, l’AMPI, Entreprise et Environnement, la Fédération des Zones d’Activité Economique, l’INEC la DEAL, il regroupe tous les acteurs importants de l’industrie en Martinique. Le lancement du comité pilotage a eu lieu début mai mais la DEAL y travaille depuis 2018. Nous avions répondu un appel à projet et obtenu un financement de 15000€ pour ce projet spécifiquement, par le Commissariat Général au Développement Durable qui soutient  des projets innovants.

Est-ce que cela correspond à une demande des entreprises ? La DEAL Martinique en partenariat avec la DEAL Guadeloupe a mis en place une feuille de route de l’économie circulaire. Notre rôle est de lancer cette feuille de route et la CCIM a fait remonter un besoin en économie circulaire pour les industriels de la Martinique. Notamment, il y a une difficulté en termes de gestion des déchets dans les zones économiques, ça répond à ce besoin aussi.

Les synergies sont-elles possibles selon les besoin avec des entreprises extérieures? Oui.  Il y a des entreprises qui sont implantées en Guadeloupe, en Martinique et en Guyane, comme GBH (1). Sur les petits territoires, on rencontre par exemple, un problème de massification. On n’arrive pas à avoir assez de déchets pour avoir des entreprises de transformation viables, on a besoin de travailler avec d’autres entreprises des territoires proches pour que ce soit rentable. Aujourd’hui les déchets partent en métropole. Si on capte suffisamment de matière, à terme, on pourra envisager de créer une filière recyclage avec nos voisins. En Guadeloupe ils ont déjà des capacités de récupération et de recyclage de déchets notamment avec la filière des isolants. Il y a aussi les huiles alimentaires qui sont transformées en biodiésel.

Cela pourrait-il s’étendre aux autres pays de la Caraïbe ? Peut-être que pour obtenir la masse critique en matière de déchets, il faudra étendre à d’autres territoires et cela  peut marcher dans les deux sens. En Martinique,  on capte très peu de déchets par rapport au potentiel (Manque de structuration du tri NDLR). Il y a beaucoup de progrès à faire dans ce domaine. On n’a pas non plus de filière de récupération des déchets chez les industriels. Mais il n’y a pas que dans le domaine des déchets que  les synergies sont possibles. Cela peut être par exemple la SARA qui produit de l’énergie à côté d’une entreprise qui a besoin de forts besoins et qui pourrait bénéficier directement du potentiel de la SARA. Cela peut-être du partage de personnel qui  serait sous-employé par une seule entreprise etc…

Propos recueillis par Nathalie Laulé

(1) Le Groupe Bernard Hayot a signé une convention de partenariat avec l’INEC en vue de faciliter la mise en œuvre de l’Economie Circulaire dans ses différentes filiales. C’est le premier groupement économique d’Outre-Mer à rejoindre cette dynamique.

 Institut National de l’Economie Circulaire “L’économie circulaire, nouveau modèle de prospérité”

Créé en 2013, L’INEC a pour mission de promouvoir l’Economie Circulaire et d’accélérer sa mise en œuvre. L’Economie Circulaire « est un principe d’organisation économique visant à découpler la création de valeur sociétale de l’impact sur l’environnement, à travers une gestion optimisée des ressources. Ce modèle implique la mise en place de nouveaux modèles de conception, de production et de consommation plus sobres et efficaces (éco-conception, écologie industrielle et territoriale, économie de fonctionnalité etc…) et à considérer les déchets comme des ressources. »

Les territoires d’Outre-Mer sont soumis à des contraintes de ressources spécifiques et à des vulnérabiltés économiques du fait de leurs situations insulaires et de leur isolement vis-à-vis de la France hexagonale. Notamment la dépendance concernant leur approvisionnement en matières premières et en énergie. Il s’agit pour ces territoires « d’améliorer la gestion des ressources et de créer de nouvelles filières locales créatrices de valeur ajoutée économiques et d’emplois non délocalisables »

Schéma de l'économie circulaire

Nouvel appel à projet autour de l’Economie Circulaire

L’ADEME Martinique, en partenariat avec La Collectivité territoriale de Martinique et la Préfecture de Martinique, lance l’appel à projets Économie circulaire 2019-2020.

« L’économie circulaire a pour objectif de produire des biens et des services tout en limitant la consommation et le gaspillage des matières premières, d’eau et des sources d’énergie à tous les stades du cycle de vie. »

Cet appel à projets vise à mettre en œuvre des pratiques basées sur des principes de l’économie circulaire au sein des structures, avec pour objectif, la réduction des consommations de ressources et des impacts environnementaux, mais également envisager de nouvelles activités économiques créatrices de richesses et d’emplois sur l’ensemble du territoire.

Pour les porteurs de projets, cet appel à projets est conçu autour de deux approches :

  • prévention et valorisation des biodéchets par le renforcement des opérations de gestion de proximité des biodéchets, la lutte contre le gaspillage alimentaire, la mise en place et l’optimisation des collectées sélectives des ménages et faciliter la mise en place du tri à la source des entreprises ;
  • allongement de la durée d’usage des produits ou services dès la phase de conception, mais aussi en favorisant le réemploi, la réutilisation, la réparation et en expérimentant la mise en place de consignes.

Dates limites de dépôt des dossiers :

  • 13 septembre 2019 à 12 heures (heure locale) ;
  • 31 janvier 2020 à 12 heures (heure locale).

Candidature à envoyer par mail à Danielle Lucien.

 

 

 

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