Economie Circulaire et Sociale

ESS – « French impact » : le gouvernement veut lever 1 milliard d’euros sur cinq ans pour « accélérer » l’innovation sociale

Le mode d’emploi du « French impact », l’accélérateur d’innovation sociale préparé depuis plusieurs mois par le Haut-commissaire à l’économie sociale et solidaire, a été dévoilé ce 18 janvier. Copiloté avec la Caisse des Dépôts, un appel à projets destiné à permettre à dix à quinze innovations sociales « pionnières » de changer d’échelle est en particulier lancé. Sont également prévus : un fonds d’amorçage, une plateforme d’animation d’une communauté sous le label « French impact » et un appui aux structures et réseaux d’accompagnement dans les territoires, dont les collectivités les plus engagées en la matière. Le gouvernement espère mobiliser 1 milliard d’euros de fonds publics et privés sur cinq ans. 

 

On a décidé de faire le pari que les solutions sont à notre portée. »

Pour Nicolas Hulot, ministre de la Transition écologique et solidaire, il n’y a « pas d’autre alternative ».
Christophe Itier, Haut-commissaire à l’économie sociale et solidaire, rêvait d’une « Social French tech » (voir notre article du 4 octobre 2017). C’est finalement sous la bannière de « French impact » que l’accélérateur national d’innovation sociale a été lancé ce 18 janvier, sous la houlette de Nicolas Hulot, mais aussi de Jean-Michel Blanquer, ministre de l’Education nationale, et Julien Denormandie, secrétaire d’Etat au ministre de la Cohésion des territoires.
« Nous affichons un objectif ambitieux : mobiliser sur les cinq ans du quinquennat 1 milliard d’euros de fonds publics et de fonds privés », a détaillé Christophe Itier, devant une assemblée principalement composée de dirigeants de l’ESS. Avec la Caisse des Dépôts comme partenaire principal – partenaire financier, mais aussi ensemblier et tiers de confiance – , la démarche aura deux objets principaux : l’amorçage et le changement d’échelle. Un fonds d’amorçage – ou un réseau de plusieurs fonds d’amorçage – sera ainsi lancé au deuxième trimestre 2018 pour de plus petites structures. « L’innovation, c’est aussi de petites associations qui aujourd’hui sont en difficulté », a justifié Christophe Itier.

Dix à quinze « pionniers » accompagnés pour que leurs innovations sociales deviennent « des solutions nationales »

Mais l’objet principal du « French tech » sera de mobiliser des fonds publics et privés pour le changement d’échelle d’innovations ayant déjà fait leur preuve localement. Seront mobilisés notamment : des fonds préexistants, les ministères dans le cadre des « plans transversaux » qu’ils portent – plan d’investissement, plan compétences, plan pauvreté… –, les collectivités.
Un premier appel à projet co-piloté avec la Caisse des Dépôts est ainsi lancé ce jour pour « sélectionner les pionniers de ce qui sera l’accélérateur d’innovation sociale », a présenté l’ancien dirigeant de l’association la Sauvegarde du Nord. « Dix ou quinze entreprises de l’ESS qui ont démontré la robustesse de leur modèle et leur impact social » seront accompagnées pendant deux ou trois ans « pour qu’elles deviennent des solutions nationales ». « C’est le langage de la preuve qui va créer la dynamique », a déclaré Christophe Itier, cette « locomotive » étant destinée à entraîner « l’ensemble des acteurs de l’innovation sociale ».
A titre d’illustrations, six projets ont fait l’objet de pitchs pendant la matinée : la récupération et la réutilisation de matériel médical, porté par le réseau Envie ; le projet « Job ready » de l’association Article 1 sur les « soft skills » ; les plateformes de mobilité de Wimoov ; le projet « Go Job » porté par l’entrepreneur Pascal Lorne et présenté comme le « blablacar du travail temporaire » ; les crèches à vocation d’insertion professionnelle, bénéficiant déjà d’un label gouvernemental et inventées par l’Institut d’éducation et de pratiques citoyennes ; l’activité physique adaptée avec Siel Bleu.

Des « territoires pilotes » pour déployer la méthode sur les territoires

Au-delà, un soutien aux territoires sera conduit à partir de mars, à travers un appel à candidatures ciblé sur les structures d’accompagnement – incubateurs notamment –, mais aussi sur les démarches type pôles territoriaux de coopération économique (PTCE) et startups de territoires ou encore sur les collectivités. Maire de Roubaix et vice-président de la région Hauts-de-France, Guillaume Delbar, a appelé de ses voeux un « changement de culture », pour une action publique qui laisserait tomber les « grands plans » et les « usines à gaz » et expérimenterait avec les acteurs de terrain pour pouvoir tirer des conclusions.
Des « territoires pilotes » seront sélectionnés à partir de mai ou juin, « pour déployer cet accélérateur, pour ensuite, dès 2019, aller vers un déploiement national », a précisé le Haut-commissaire à l’ESS. Ce dernier dit avoir échangé les principales associations de collectivités et s’apprête à se rendre dans toutes les régions pour rencontrer des collectivités et acteurs de terrain.

Un label « French impact » et une plateforme pour rassembler « ceux qui innovent »

Avant cela, en février, sera lancée une plateforme destinée à animer une communauté sous la bannière « French impact », à fédérer des entrepreneurs sociaux – associations, coopératives, … « peu importent les statuts, ceux qui innovent » – , des « entreprises engagées », des investisseurs, des collectivités.
Par ailleurs, un réseau de « hackers French impact » sera déployé dans les ministères et les territoires pour tenter de lever les blocages administratifs et réglementaires que rencontrent les entrepreneurs sociaux. Christophe Itier a cité également l’évaluation de l’impact comme une dimension importante de la démarche. « Notre rôle doit être d’apporter financement et évaluation », avait considéré le président de la République, le 14 novembre dernier à Tourcoing, en parlant de l' »accélérateur des associations ».

In https://www.caissedesdepotsdesterritoires.fr/


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