L’iguane endémique des Petites Antilles,  “iguana delicatissima”, est en voie de disparition…

Ce sont les dernières conclusions du Plan National d’Action pour la conservation de l’iguane des petites Antilles.

L’espèce endémique et emblématique des Petites Antilles a connu un déclin de plus de 70% de sa population originale d’abord en raison de la destruction de son habitat au profit des terres agricoles mais plus récemment en raison de l’introduction d’un concurrent de taille  son congénère l’iguane vert ou iguane commun , “Iguana iguana”  venu d’Amérique du Sud avec lequel il est en compétition, nous allons voir pourquoi.

Notre “iguana delicatissima” endémique des îles du Nord des Petites Antilles, de Anguilla jusqu’à la Martinique, (sauf Saba et Montserrat), a aujourd’hui, complètement disparu des Saintes, de Marie-Galante, de Grande Terre (Guadeloupe), d’Antigua, St Kitts & Nevis, Barbuda, et de Saint Martin. Il vit replié sur de petits territoires tels que les îlets ou dans les parties sauvages comme les forêts.

Pour ces différentes raisons et pour d’autres, Iguana delicatissima est classé « en danger » par la liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature (IUCN) depuis 2010. La France possède un rôle prépondérant dans la sauvegarde des dernières populations mondiales d’Iguana delicatissima. Les îles des Antilles françaises incluant 9 des 12 territoires où sont recensés des individus de cette espèce. De plus, les îles de Petite Terre abritent probablement la seconde plus importante population après celle de Dominique.

Roland Marraud des Grottes de la SEPANMAR, la Société pour l’Etude, la Protection, et l’Aménagement de la Nature à la MARTINIQUE raconte l’histoire d’une “éradication génétique” :

“La survie de notre iguane endémique des Petites Antilles,  est très menacée par  l’iguane commun qui vient d’Amérique du Sud car cet iguane malheureusement s’hybride très facilement avec l’iguane endémique et cela donne des rejetons fertiles. Comme il a un brassage génétique beaucoup plus important puisqu’il vient d’un territoire immense, cela occasionne une éradication génétique sur les prochaines générations d’iguana delicatissima. C’est-à-dire que par hybridation, au bout de quelques générations, l’espèce endémique aura disparue. Cette disparition est consommée dans la plupart des îles du nord. Aujourd’hui, on en trouve encore à la Désirade,  la Dominique, à Petite Terre et à la Martinique, dans le nord du massif de la Pelée dans une zone très sauvage et à l’îlet Chancel.

Dans les années 50-60, il y avait a un zoo à Fort Saint Louis dirigé par le père Pinchon, on y a fait venir des iguanes commun, à cette époque là on ne savait pas. Quand on a décidé de fermer le zoo, les iguanes communs ont été laissés en liberté dans les bois du Fort. A l’époque il y avait de grands bois à Fort Saint Louis. Sa stratégie de survie est la reproduction à outrance parce qu’il vit à l’origine sur un territoire immense, il a à manger en abondance, il a très peu de concurrence mais beaucoup de prédateurs, donc il se reproduit beaucoup. Il a mis des milliers d’années pour parfaire cette stratégie, il lui faudra quelques autres milliers d’années pour fonder une nouvelle stratégie en fonction de son milieu:  je suis dans une petite île aux ressources limitées mais je n’ai  pas de prédateurs, inutile donc de se reproduire à outrance. Cet iguane a continué à se reproduire quand on a déboisé Fort St Louis, alors il est sorti du Fort et a envahi la Martinique. Aujourd’hui,  on le retrouve à Redoute, Balata, Schoelcher, Trinité, au Vauclin, ça va très vite et le problème est pourtant assez récent (année 65-70). La population doit être informée de cette histoire car il y a dans le nord des populations qui continuent à consommer l’iguane des Petites Antilles alors qu’il est protégé, tandis que l’autre n’est pas encore déclaré chassable, on ne peut pas le consommer.  Car pour protéger l’un et chasser l’autre, il faut savoir les distinguer ce qui n’est pas le cas pour l’instant.  Et puis en plus il y a des hybrides et les deux espèces à la naissance sont vertes, puis tirent sur le marron, comment les reconnaître? Il y a à présent, une autre espèce, particulièrement orangée, qui viendrait du Costa Rica”

La Martinique est donc l’un des derniers refuges de cette espèce unique d’iguane au nom si joli, qu’on se le dise partout sur l’île,  l’iguana delicatissima est une espèce à conserver précieusement…

Nathalie Laulé

 

NDA/ Les photos de cette page ont été prises à Saint Martin, il s’agit de l’iguane commun et d’une sous-espèce en provenance du Costa Rica

 

 

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