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Climat : pourquoi résistons-nous au changement ?

Par Elena Sender le 06.12.2018 à 15h00, mis à jour le 15.03.2019 à 11h30ABONNÉS

Alors que la jeunesse défile en masse dans les rues pour appeler à une autre politique climatique, Virginie Raisson-Victor, géopolitologue, auteure de 2038, Les futurs du monde, explique les raisons de notre résistance au changement.

Virginie Raisson-Victor, géopolitologue, directrice du Laboratoire d’études prospectives et d’analyses cartographiques (LEPAC) et auteure de 2038, Les futurs du monde (Robert Laffont, 2016), envisage les ruptures économiques, écologiques, technologiques, sociales et sociétales susceptibles de marquer les décennies à venir. Lors d’une conférence Tedx à La Rochelle, elle a appelé à l’action pour lutter contre le réchauffement climatique. Elle décrypte pour Sciences et Avenir les raisons de l’inaction. 

Sciences et Avenir : La conférence onusienne sur le climat (COP24) a ouvert ses portes et les nouvelles sont mauvaises (dernier rapport alarmant du GIEC, hausse des températures), qu’en pensez-vous ? 

Virginie Raisson-Victor : Dire que je suis préoccupée serait une litote. Le décalage entre les engagements de baisse d’émission de gaz à effet de serre (GES) — responsables du dérèglement climatique — des États à la fin de la COP21 [en 2015] et les trajectoires constatées aujourd’hui est énorme. Si on ne provoque pas un sursaut très prochainement, on court à la catastrophe. Pourtant le diagnostic est validé, la prise de conscience est là, les scénarios et la feuille de route sont connus, les solutions techniques et technologiques existent et les moyens financiers sont fléchés. Il manque donc visiblement un dernier chaînon pour passer à l’action, efficacement et à toutes les échelles. 

Qu’est-ce qui freine l’action ? 

L’humain vit dans le présent. Pour lui, projeter l’impact de son action d’aujourd’hui dans 25-30 ans est quasi impossible, car son cerveau est motivé à agir pour obtenir un résultat visible. Par exemple, si je décide de manger moins de produits laitiers, car je sais que leur production est une source élevée d’émission de GES, je ne verrai pas le résultat de mon effort avant 2050. Cette déconnexion entre le geste individuel et l’effet global à long terme est quelque chose qui ne facilite pas l’action, car elle ne permet pas d’en percevoir l’efficacité. Il faut donc faciliter le changement d’habitudes.

In Science & Avenir

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