POINT FORT

Alexandre ARQUÉ, co-directeur de «L’ASSO-MER»

Le milieu marin, avec ses écosystèmes diversifiés, est une ressource essentielle qu’il faut conserver. Alexandre ARQUÉ, co-directeur de l’association «L’ASSO-MER», a participé à la mise en place de cette structure afin de maintenir cet équilibre si fragile. Lors d’un entretien avec Martinique 2030, il nous explique les débuts de l’association, ses objectifs et nous présente les nombreux projets mis en place et à venir par L’ASSO-MER.

Comment vous est venue l’idée de mettre en place L’ASSO-MER ?

Je suis originaire de l’hexagone et en 2012 je suis arrivé en Martinique pour travailler à l’OMMM (Observatoire du Milieu Marin Martiniquais) sur un projet concernant l’invasion du poisson lion. Par la suite, avec l’Agence des Aires Marines Protégées, j’ai participé à la création du Parc Naturel Marin de Martinique (PNMM). J’ai assisté à de nombreuses réunions de concertation aux sujets des problématiques relatives au milieu marin, ce qui m’a donné envie de mettre en place des actions concrètes pour ces écosystèmes fragilisés par les activités anthropiques. Donc, en avril 2016, avec un ami (Matthieu JOUSSEAUME), nous avons créé une association de protection et de valorisation du milieu marin martiniquais : L’ASSO-MER.

Crédit photo : L’ASSO-MER

Quel sont les objectifs de l’association ?

L’objectif premier est de protéger et valoriser le patrimoine marin martiniquais. Le patrimoine c’est naturel, mais c’est aussi culturel. Avec Matthieu, le co-directeur, nous voulions créer une association dynamique avec des adhérents afin de mettre en place des projets et des actions, mais avec une plus-value qui soit la participation de bénévoles motivés. L’association compte à ce jour une cinquantaine de bénévoles et tout le monde peut participer aux différents projets.

De nombreux projets en cours et des activités ouvertes à tous…

ACROPORA

Ce projet vise à bouturer deux espèces de coraux fragilisées : Acropora cervicornis et Acropora palmata. Le bouturage se fait en pépinière, sur la côte Caraïbe, près de la commune du Diamant. A. cervicornis n’est présente qu’à quelques endroits sur la côte Atlantique. C’est une espèce très fragile qui risque de disparaître si un événement climatique majeur se produit.

Il y a trois ans, sur une initiative de la DEAL (Direction de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement), le bureau d’études Impact-Mer a fait des prélèvements de coraux sur la côte Atlantique qui ont été mis en pépinière. Grâce au financement de la DEAL, avec des bénévoles, L’ASSO-MER a repris le projet. Nous allons régulièrement plonger sur le site pour nettoyer et bouturer. Nous sommes passés de moins de dix à 300 boutures aujourd’hui, suspendues sur des structures de type « arbre » immergées.

Crédit photo : L’ASSO-MER

CAM-SUB

Ce projet vise à filmer le milieu sous-marin et à retransmettre l’image en direct sur un grand écran. Une interaction avec le public permet au plongeur de répondre aux questions des participants et de présenter les espèces, les écosystèmes marins et les pressions de l’Homme sur le milieu.

Ce projet a été initié il y a deux ans, mais a pris un certain retard à cause de financements difficiles à obtenir.

Mise en place de zones protégées locales

Impulsé par 2 adhérents de L’ASSO-MER (Michel METERY & Matthieu JOUSSEAUME), un important travail de concertation avec les pêcheurs et les habitants de la commune du Carbet a été réalisé Deux zones d’interdiction de pêche et de mouillage, ont été mises en place. Il s’agit des zones «Pothuau» et «Raisiniers». Aujourd’hui, ce sont les pêcheurs qui sont acteurs de leur territoire.

Nous poursuivons ce projet en collaboration avec l’association Entreprise-Environnement pour le montage financier et le Carbet des Sciences pour la sensibilisation. Nous avons déjà mis en place les bouées pour la délimitation des zones et nous travaillons actuellement à l’installation des bouées de mouillage. Un suivi scientifique est également prévu afin d’apprécier la plus-value de ces zones.

Crédit photo : L’ASSO-MER

La BIM (Brigade d’Intervention Maritime)

Ce projet vise à récupérer des déchets (engins de pêche fantômes tels que filets, casiers abandonnés ; batteries, pneus, etc.) lors de sorties en mer, et principalement lorsque ceux-ci nuisent aux espèces marines.

Il y a un volet léger, avec des bénévoles non plongeurs, où nous intervenons sur les plages et le littoral. Et il y a un volet lourd, avec un groupe de bénévoles qui sont des plongeurs professionnels qui peuvent intervenir sur des engins plus profonds. Pour ce projet, nous travaillons en collaboration avec la Direction de la mer et la DEAL.

Crédit Photo : L’ASSO-MER

Archéologie sous-marine

L’association organise aussi des activités d’archéologie sous-marine. Dans ce cadre, en septembre dernier, en collaboration avec l’université des Antilles et le laboratoire AIHP GEODE , nous avons travaillé sur l’épave dite de la «Guinguette» à St-Pierre.

Des fouilles réalisées à l’aide d’un aspirateur à sédiments, complétées par une recherche bibliographique, nous ont permis d’avoir des informations sur la conception du navire. Celui-ci n’a pas été identifié par manque d’éléments indicateurs mais du mobilier archéologique a été récolté. Son étude est en cours. La mission, qui devait durer deux semaines, a été réduite de moitié à cause du passage de l’ouragan Maria qui a tout réensablé. Nous avons tout de même récolté des données très prometteuses et lorsque le rapport sera finalisé, les résultats pourront être publiés.

Parallèlement à cela, nous avons participé aux journées du patrimoine. Nous avons ouvert les fouilles au public durant le temps d’un week-end. L’épave étant située à environ trois mètres de profondeur, nous avons accompagné les curieux à la découverte des vestiges et répondu à leurs questions. Sensibles à leur patrimoine culturel, les Martiniquais se sont déplacés en nombre pour cet événement.

Crédit photo : L’ASSO-MER

Avez-vous des projets futurs ?

Nous réfléchissons actuellement à réaliser une étude sur l’impact environnemental de la pêche récréative en Martinique (y compris la chasse sous-marine). Les chasseurs sous-marins et les pêcheurs à la ligne sont nombreux en Martinique et il serait intéressant de mieux connaître cette activité pour mieux la gérer. Par ailleurs, d’autres projets d’archéologie sous-marine sont en préparation pour 2019.

Propos recueillis par Mariska Desmarquis


Courriel :  lassomer972@gmail.com

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