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Initiatives positives : la Martinique de demain !

L’Environnement est en danger, de nombreuse espèces disparaissent chaque jour, les glaciers fondent à vue d’œil, le climat est devenu fou, l’humanité est malade…la liste des indices qui parlent d’urgence est longue depuis longtemps et tout un pan de la société civile n’a pas attendu les accords diplomatiques de la dernière COP 21, à Paris, pour changer d’orientation dans ses modes de vie. Nombreuses sont les initiatives de par le monde qui ont précédé et inspiré les décisions politiques de protection de l’environnement et de transition énergétique. La Martinique depuis quelques années n’est pas en reste et une conscience environnementale émerge tandis que les artisans de la transition travaillent et éduquent pour un monde plus respectueux de la Nature et de l’Humain. Tour d’horizon !

Sur l’île aux fleurs, comme ailleurs, les anciens ont sans doute observé les premiers les signes d’un bouleversement de la nature  sans précédent: Le ciel a d’abord changé, le temps s’est comme accéléré, il y a eu toujours plus de voitures, plus de consommation, plus de tracas administratifs qui occupent les têtes, et puis on a su que les terres avaient été empoisonnées par les produits chimiques mais on a mis longtemps à le dire, on a vu la mer littéralement étouffée sous les flots de sargasses sans trouver de solution, enfin on a commencé à entendre parler de maladies qui n’existaient pratiquement pas ici avant, comme les cancers …Et ces jours-ci, trois ouragans majeurs font voltiger les Antilles ! Mais ce n’est pas tout. Comme l’environnement, la société est malade, le rapport humain est devenu marchand au fur et à mesure qu’il s’est éloigné de la nature, le monde entier court derrière la consommation de choses inutiles produites aux frais de l’environnement et de la vie humaine. Nous sommes dans une situation d’exploitation totale des ressources de la Nature et de l’Humain, au profit d’une poignée d’hommes.

Plusieurs courants ont tenté des alternatives depuis les années 50, et plusieurs scientifiques ont tenté d’alerter la société sur les risques de détérioration de nos milieux naturels dont le commandant Cousteau parlait déjà il y a 50 ans ! Le chercheur Fairfield Osborn écrivait en 1949 : « L’humanité risque de consommer sa ruine par la lutte incessante et universelle contre la nature plus que par n’importe quelle guerre. »

Ces courants, considérés comme marginaux, hippies ou déjantés par la société marchande étaient pourtant précurseurs d’une approche globale de la vie, consciente de l’interaction entre toutes choses dans la nature, dont l’humanité fait partie. D’ailleurs, les recherches à présent mettent à jour ces précieuses interactions.

Le fait qu’une partie de l’humanité exploite jusqu’à la corde les ressources de la nature et le potentiel de travail humain est devenu une évidence. Le modèle économique planétaire est basé sur cette logique et engendre une pauvreté artificielle et un épuisement de la vie sous toutes ses formes. L’alimentation, ses modes de production destructeurs ainsi que l’énergie sont au cœur du problème qui conduit à une crise inédite de civilisation. Les politiciens aux bottes des industriels, bâtissent et encadrent une société devenue inhumaine et partout les peuples se soulèvent.

Pierre Rabhi, humaniste, philosophe paysan et fondateur du mouvement Colibris appelle à « une insurrection des conscience ».  Il est l’un des précurseur de ce courant de pensée qui prône une approche globale de la vie dans ce qu’elle a de précieux, d’irremplaçable et de merveilleux : « …c’est à l’insurrection et à la fédération des consciences que je fais aujourd’hui appel, pour mutualiser ce que l’humanité a de meilleur et éviter le pire. Cette coalition me paraît plus que jamais indispensable compte tenu de l’ampleur des menaces qui pèsent sur notre destinée commune, pour l’essentiel dues à nos grandes transgressions… ». Pierre Rabhi nous invite à retrouver notre connivence avec la terre !

Soit le changement que tu veux voir dans le monde

La Martinique a vu son milieu naturel si prodigue se dégrader en quelques années. Des initiatives naissent de plus en plus pour inverser la tendance, principalement dans le domaine de la production alimentaire. Inverser la tendance c’est changer d’attitude et de mode de consommation en privilégiant les circuits courts pour éviter les transports, du producteur au consommateur, et sains pour préserver la terre et la santé humaine ; C’est arrêtez le gaspillage, recycler les déchets, utiliser les matériaux locaux dans les modes de production; C’est mutualiser les transports et changer de sources d’énergie ; C’est modifier l’habitat pour le rendre autonome et passif…C’est arrêter de croire que les ressources et la capacité de digestion des pollutions de notre planète sont inépuisables !

Du producteur au consommateur, les paniers de produits frais locaux

Ce tour d’horizon des initiatives ne peut être exhaustif, car elles sont bien trop nombreuses sur notre territoire mais il voudrait inciter à regarder autour de soi, ce qui change et comment on peut intégrer ce changement par des gestes de consommation simples. Il s’intéresse plus particulièrement à l’autonomie alimentaire. Plusieurs petits producteurs sur l’île proposent leur production bio ou naturelle en direct au consommateur comme « les saveurs de Waël » au François ou « Petit Cocotier *», une coopérative de petits producteurs du nord,  qui se sont engagés dans une démarche de consommation écoresponsable : Réduction des déchets (emballages), des trajets,  production et consommation locale de produits frais et de saison avec des modes de production naturels. Comme l’annoncent sur leur site les saveurs de Waël, l’essentiel étant « que chacun s’intéresse à ce qu’il mange ! »

Dispositif aquaponique

Parmi les jardins expérimentaux et les jardins partagés où l’on cultive et l’on enseigne les techniques alternatives

Le jardin partagé est issu d’une tradition ancienne basée sur l’entraide, la mutualisation des moyens et le partage des connaissances. Il y en a plusieurs sur le territoire, dans différents domaines dont certains s’appuient sur des techniques traditionnelles et, ou innovantes comme les associations de plantes, le compostage…  On peut citer Le jardin médicinal de Dillon à Fort de France, jardin associatif partagé, de plantes médicinales, aromatiques et potagères au quartier Dillon, il s’agit d’un jardin d’insertion qui accueille le public. Il y a bien sûr les jardins partagés de l’anse Gaïac* au Prêcheur (voir notre encadré) qui pratiquent les techniques d’agroforesterie et de permaculture, basées sur les théories de la synthropie et transmettent ces techniques. Les jardins de Macabou* au Vauclin (voir notre encadré) ont prouvé en quelques années que l’on peut produire et récolter des fruits, des légumes, des herbages, sur une terre aride, sans eau avec les techniques de la permaculture et du biomimétisme. Et puis, un peu partout, des jardins privés qui se partagent en ville, aux pieds des immeubles ou à la campagne, que ce soit entre voisins ou en famille. L’objectif est l’autonomie alimentaire et l’ouragan Irma à Saint Martin, prouve s’il en est besoin que dans nos milieux insulaires, il faut d’abord compter sur nous-mêmes quand il s’agit de survie.

Nathalie Laulé

  • Articles sur le site de martinique2030.com

Quelques définitions : 

Mouvement Colibris : Colibris est une association fondée en 2007 par Pierre Rabhi. L’association propose un nouveau projet de société écologique et solidaire, fondé sur la sobriété, l’autonomie et le partage.

Permaculture : La permaculture est une science de conception de cultures, de lieux de vie, et de systèmes agricoles humains utilisant des principes d’écologie et le savoir des sociétés traditionnelles pour reproduire la diversité, la stabilité et la résilience des écosystèmes naturels.

Agroforesterie : L’agroforesterie désigne les pratiques, nouvelles ou historiques, associant arbres, cultures et-ou animaux sur une même parcelle agricole, en bordure ou en plein champ. Ces pratiques comprennent les systèmes agro-sylvicoles mais aussi sylvo-pastoraux, les pré-vergers (animaux pâturant sous des vergers de fruitiers)…(in agroforesterie.fr)

Biomimétisme : Le biomimétisme (en anglais “biomimicry”) est une démarche pluridisciplinaire qui consiste à étudier les modèles de la nature et à reproduire les propriétés essentielles (formes, matériaux ou processus) des systèmes biologiques en vue de résoudre des problèmes technologiques.(in TPE biomimétisme et chimie)

Syntrophie : Croissance dans des conditions apparemment défavorables de bactéries exigeantes autour de colonies d’une autre espèce qui se développent normalement dans le milieu étudié. Ce phénomène s’explique par le fait que la bactérie exigeante tire parti des facteurs métaboliques qu’elle ne peut synthétiser elle-même et qui ont été libérés par l’autre bactérie.

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