La compensation est un procédé de plus en plus utilisé qui vise à compenser la dégradation de la biosphère par des actions positives destinées à la protéger. Comment ça marche ? 3 questions à Frédéric Boone chercheur et membre de l’Atécopol, l’Atelier d’écologie politique de Toulouse.
A l’occasion de la publication d’une tribune de l’Atécopol, l’un de ses membres Frédéric Boone, astrophysicien à l’Institut de Recherche en Astrophysique et Planétologie (Université Toulouse III, Paul Sabatier) nous éclaire sur un phénomène qui concerne de plus en plus de secteurs : la compensation écologique.
1/ La compensation écologique c’est quoi ?
La compensation écologique, c’est l’idée selon laquelle lorsqu’on inflige une dégradation à l’environnement, on va pouvoir la réparer en agissant ailleurs sur la biosphère ou d’une autre façon, en lui procurant du bien-être. Elle vise à contrebalancer les effets de perte ou de dégradation de la biodiversité.
Si on construit une autoroute et qu’on détruit un écosystème avec une espèce particulière de grenouilles, on va compenser en restaurant une terre polluée dans une vallée qui n’est pas forcément située dans le même secteur. On va considérer que ça compense la dégradation de manière globale.
Autre exemple : on va compenser la production de CO2 d’un avion en plantant des arbres en Afrique. Il y a cette idée d’équivalence, c’est l’idée d’une compensation écologique spécifique à la biodiversité. Cette notion d’équivalence fait l’objet de beaucoup de recherches des écologues et fait débat.
2/ Comment ça marche ? Qui décide des équivalences ?
La compensation touche tous les secteurs d’activités. Elle concerne autant les consommateurs que les entreprises que ce soit dans des domaines comme l’informatique ou l’aviation… Il existe des organismes labellisés reconnus par les pouvoirs publics qui par le biais de commissions et de prestataires proposent des actions de compensation et les certifient.
Se pose la question de la vérification de ces compensations et leur mise en œuvre. Ces organismes doivent assurer la pérennité de la compensation or on constate souvent que les compensations ne sont pas réalisées comme promis et qu’elles ne sont pas pérennes.
3/ Quel est l’objectif de la compensation ?
C’est la séquence « éviter, réduire, compenser » (ERC). Elle a été introduite en France par la loi du 10 juillet 1976 relative à la protection de la nature. Son objectif, c’est d’éviter les atteintes à l’environnement, de réduire celles qui n’ont pas pu être évitées et de compenser les effets qui n’ont pu être ni évités, ni réduits.
Il y a des projets qu’on considère comme indispensables. On s’autorise à les réaliser parce qu’on estime que leurs effets sur l’environnement sont compensés. Si on compense ailleurs, on va penser que ça fonctionne ; ça se généralise à plein de domaines. Par exemple, des entreprises qui fabriquent du plastique compensent en finançant des projets de collecte de déchets sur les plages.
Dans le secteur minier au Chili, les sociétés qui extraient le cuivre (le Chili en est le plus gros exportateur), polluent énormément l’eau avec de l’arsenic et de l’acide sulfurique. Les habitants ne peuvent plus la consommer. Les exploitants des mines de cuivre compensent en payant des études aux habitants. La compensation est censée créer un effet positif mais dans la réalité, elle permet souvent de pouvoir continuer à dégrader.
Lire l’intégralité de la tribune.
L’Atelier d’écologie politique de Toulouse rassemble 160 chercheurs. Il participe, depuis son lancement à l’automne 2018 à Toulouse, à la construction d’une communauté pluridisciplinaire de scientifiques travaillant sur les multiples aspects liés aux bouleversements écologiques. Il vient de publier sur son site une tribune sur la compensation.
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