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Le Domaine de Frégate au François, le vrai bon lait bokay

Dans le contexte du réchauffement climatique et de perte de  la biodiversité, l’autonomie alimentaire et la production locale de produits alimentaires sains deviennent la solution adaptée aux petits territoires, pour palier au système délétère de la consommation de masse.

La Martinique avance à grands pas sur ce chemin et de nombreux petits producteurs proposent leurs produits en vente directe. C’est le cas du Domaine de Frégate au François qui propose du lait cru de première qualité et des produits laitiers provenant de son élevage nourrit au pâturage.

Rencontre avec Line Lupon, exploitante du Domaine de Frégate avec son frère

Martinique 2030: Parlez-nous de l’histoire de cette exploitation

Line Lupon: Ce domaine a été créé en 1957 par mon grand-père. Nous sommes la troisième génération qui exploite le domaine. On a toujours élevé des bovins, au départ  mon grand-père élevait des vaches créoles, puis mon père a introduit des races européennes, ensuite mon frère a continué et  introduit le volet lait et je suis la quatrième exploitante de la famille à apporter une nouvelle touche au domaine, la transformation de notre lait en produits laitiers. Au premier trimestre de l’année 2020, il y aura du beurre et de la crème, un petit fromage affiné, des yogourts, du fromage frais battu, lissé, fouetté, des glaces.

M2030: C’est formidable! Sur quelle surface travaillez-vous et avec quel bétail?

LL: Le domaine fait une trentaine d’hectares d’un seul bloc et nous avons une centaine de têtes de bétail, avec 70 vaches laitières entre celles qui sont en lactation, qui produisent, et les jeunes qui ne le sont pas encore. Ce sont des races européennes, la Montbéliard et la Brune des Alpes .Pour le reste, il s’agit de vaches à caractère viande, les charolaises. Nous sommes affiliés à une coopérative assez dynamique, la CODEM, à qui nous vendons nos animaux sur pied et il nous arrive de façon ponctuelle de faire une opération de vente de viande à la ferme.

M2030: Que proposez-vous en vente directe?

LL: Pour l’instant nous avons du lait cru, je précise sans transformation, sans conservateur c’est  du pis de la vache à la bouteille, en respectant les normes sanitaires de façon à ce que notre lait soit un beau lait.

M 2030: Ce ne doit pas être toujours facile de produire dans le cadre de la politique agricole européenne?

LL: On peut aimer ce métier mais il faut avoir la passion qui fait vous lever le matin même quand ça va mal. Tout le monde aime la nature, l’agriculture, mais nous on a dépassé ça, on est dans la passion parce que tout n’est pas rose dans le monde de l’agriculture. C’est cette passion qui vous fait recommencer, mettre vos bottes, votre tablier et aller de l’avant. Vous voyez ce que les agriculteurs vivent en métropole, alors ici les difficultés sont multipliées par l’insularité. Mais j’ai foi en mon métier, ma famille a foi en ce métier depuis plusieurs générations. C’est un patrimoine qu’il faut protéger, qu’il faut faire découvrir, il faut faire voir comment les agriculteurs produisent et transforment leur matière première. C’est assez méconnu parce qu’on est beaucoup dans l’industriel, il faut savoir qu’il y a des gens qui travaillent pour le terroir.

M2030: Pensez-vous que nous devons nous diriger vers une forme d’autonomie alimentaire?

LL: Bien sûr, dans le contexte actuel, il faut promouvoir le développement endogène, il faut acheter local. Nous sommes nombreux pour ça, pour nourrir les martiniquais, nous sommes encore loin du but mais nous y allons. Ce n’est pas facile pour les agriculteurs qui produisent et qui transforment, nous n’avons pas de personnel pour le marketing, pour la comptabilité comme les grandes entreprises, mais nous nous formons, car nous savons que l’avenir de la Martinique passe par là. Et 2009, nous l’a montré, tout était barré, tout était arrêté, les gens ont réappris à venir à la campagne prendre leur nourriture. Et puis quand les supermarchés ont réouvert chacun a repris son caddie et a oublié ce qu’il s’était promis. Mais nous sommes là, notre métier est d’informer aussi.

M2030: Justement vous faites des visites à la ferme?

LL: Oui, nous avons des visites pédagogiques pour les écoles car nous pensons qu’un peuple se forme par ses enfants. Les enfants viennent découvrir l’éveil à la ferme, comment on produit du lait, qu’est-ce que c’est un veau, une vache, un taureau et on leur fait déguster du lait avec de la farine de manioc comme dans le temps quand les gens n’avait pas de pain. Nous sommes là !

Nathalie Laulé

Monsieur Lupon, père devant les terresLe Domaine de Frégate, route de Dostaly au François.

Ouvert tous les jours de 7h30 à 10h30 et de 17h à 18h

Tel: 0696 24 54 34

Mail: contact@domainedefregate-fwi.com

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