Biodiversité

Petites histoires naturelles: les oiseaux migrateurs

Les migrations des oiseaux

Précision : dans la présente note nous étudions les migrations des oiseaux du CANADA et du nord des ETATS-UNIS, et leurs effets sur l’avifaune de la MARTINIQUE.

GENERALITES SUR LES MIGRATIONS DES OISEAUX :

A la question : pourquoi certaines espèces d’oiseaux migrent-elles ? on peut répondre que c’est une question alimentaire. Dans certaines régions, à climat tempéré et froid, lorsque l’hiver arrive plusieurs événements se produisent :

  • La température descend fortement
  • la végétation se met au repos, il n’y a plus de fleurs ni de fruits ni de graines
  • les sols durcissent
  • les eaux se refroidissent et/ou gèlent.

La nourriture des oiseaux est constituée pour l’essentiel de fruits, graines, insectes, poissons et crustacés, vers de terre. Certains rapaces se nourrissent de petits mammifères, de reptiles, ainsi que des autres oiseaux. Tout cela va se raréfier, voire disparaître pendant quelque temps. Pour ne pas mourir de faim nos oiseaux sont donc contraints de partir vers des climats plus cléments, où il n’y a pas d’hiver, c’est à dire les climats tropicaux et subtropicaux. Il ne faut pas confondre la migration avec l’erratisme : parfois une espèce ‘’se promène’’ et peut donc être vue ici ou là, de manière ponctuelle. De même, le déplacement des oiseaux de mer, qui passent presque toute l’année en mer, et ne rentrent à terre que pour la reproduction, ne constitue pas une véritable migration. Il faut noter également que les intempéries, notamment le vent, peuvent provoquer des déplacements inattendus de spécimen ou de petits groupes. Lors des migrations les oiseaux vont parcourir des centaines, voire des milliers de kilomètres. Pour cela il leur faut des réserves de graisse. Elles vont être constituées avant la migration. Pendant la migration et suivant les besoins les oiseaux vont effectuer des haltes pour reconstituer ces réserves.

Des expériences scientifiques ont établi que les oiseaux sont capables de dormir en volant, en mettant au repos un des deux hémisphères du cerveau (sommeil unihémisphérique).

Pour trouver leur route les oiseaux vont combiner plusieurs facteurs, notamment :

  • l’expérience des anciens, et une certaine mémoire des paysages
  • les variations du champ magnétique terrestre
  • les étoiles.

LES VOIES DE MIGRATION :

Les oiseaux vivant au CANADA et dans la partie Nord des ETATS-UNIS vont descendre vers le sud pour rejoindre l’AMERIQUE CENTRALE, les ANTILLES et l’AMERIQUE DU SUD.

Pour cela ils vont emprunter quatre voies de migration, représentées ici sur le croquis du RP PINCHON :

  • voie du Pacifique (voie A)
  • voie des grandes plaines (voie B)
  • voie du Mississipi (voie C)
  • voie Atlantique (voie en rouge).

Les voies A, B et C rejoignent l’AMERIQUE CENTRALE. La voie Atlantique passe pour l’essentiel par les ANTILLES, et c’est à ce titre qu’elle nous intéresse. Il faut noter que c’est une partie seulement des migrations qui passe par cette voie. De plus, dans l’arc des PETITES ANTILLES, la MARTINIQUE et BARBADE sont les plus excentrées, et ne reçoivent par conséquent que ‘’les miettes’’ de cette migration. Généralement l’essentiel du retour de migration se fait par l’AMERIQUE CENTRALE.

LE CYCLE DE LA MIGRATION :

Les oiseaux vont partir en migration après la période de reproduction, pour se trouver ‘’au chaud’’, et donc avec une nourriture abondante, au moment où c’est l’hiver dans leur contrée d’origine. Il est donc possible de définir un schéma de fonctionnement, un cycle de migration, ainsi :

  • période de reproduction
  • départ en migration
  • hiver ‘’au chaud’’
  • retour de migration.

En-dehors de l’hiver, qui va en gros de novembre à mars, ces périodes varient quelque peu suivant les espèces. Cependant des analyses et études basées sur les données de baguage ont permis de déterminer que la période de parcours de migration va de juillet à novembre.

LES ESPECES QUI MIGRENT :

La liste détaillée serait longue et présenterait peu d’intérêt. Pour l’essentiel il faut noter les grandes familles qui passent en MARTINIQUE :

  • les gibiers marins : ce sont les bécasseaux, chevaliers, pluviers, bécassines, courlis
  • les canards et sarcelles
  • les hérons et aigrettes : grand héron, grande aigrette, aigrette bleue, bihoreaux
  • les rapaces : aigle-pêcheur, faucon pèlerin
  • les passereaux, notamment plusieurs espèces de parulines
  • et bien d’autres : hirondelles, martins-pêcheurs, foulques, râles, coulicous.

CERTAINS OISEAUX RESTENT CHEZ NOUS :

Il faut noter que depuis février 1989 la plupart des oiseaux de MARTINIQUE sont protégés. De ce fait les oiseaux migrateurs, à part quelques gibiers marins ainsi que les canards et sarcelles, ne sont plus tirés par les chasseurs. D’autre part ce qui pousse les oiseaux à revenir dans leur contrée d’origine c’est l’activité hormonale liée à la reproduction. Ainsi des sujets juvéniles, encore immatures sur le plan sexuel, peuvent s’arrêter en cours de migration, et rester là jusqu’à la prochaine rotation. Le RP PINCHON a constaté cette immaturité sexuelle lors de dissections pratiquées sur des spécimen attardés dans notre région. On peut supposer également que certains individus, âgés et fatigués, ne suivent pas leurs petits camarades dans tout le circuit.

OBSERVATIONS ET HYPOTHESE :

Les oiseaux qui viennent dans notre région y trouvent en général largement de quoi s’alimenter. On peut se demander pourquoi ils ne restent pas vivre là. Le RP PINCHON a émis une hypothèse plausible : il pense que l’explication tient aux durées d’ensoleillement. Nos oiseaux migrateurs pondent en général beaucoup d’œufs, ils ont par conséquent besoin de temps pour nourrir leurs poussins. La durée du jour dans les régions tropicales et subtropicales ne dépasse pas douze heures, ce qui serait insuffisant. Par contre dans les pays tempérés ou froids dès mai/juin les journées sont beaucoup plus longues. Une constatation vient corroborer cette hypothèse : dans notre région les petits passereaux sédentaires pondent peu d’œufs (deux ou trois en général), et ont souvent plusieurs couvées par an.

Note et photos: Roland Marraud des Grottes

Bibliographie :

  • Révérend Père Robert PINCHON : Faune des Antilles françaises – Les oiseaux – 2ème édition 1976
  • L’étude publiée dans Nature Communications : Evidence that birds sleep in mid-flight et présentée sur le site de l’institut Max Planck : First evidence of sleep in flight.
  • Edouard BENITO-ESPINAL et Patricia HAUCASTEL : Les oiseaux des Antilles et leur nid – Petites et Grandes Antilles – 2003
  • Herbert RAFFAELE – James WILEY – Orlando GARRIDO – Allan KEITH – Janis RAFFAELE : – Birds of the West Indies – 2003
  • David ALLEN SIBLEY : Le guide SIBLEY des oiseaux de l’Est de l’AMERIQUE du NORD – 2006
  • National Geographic : Guide d’identification des oiseaux de l’Amérique du Nord – 3ème édition – 2002
  • Arrêté du 17 février 1989 fixant des mesures de protection des oiseaux représentés dans le département de la Martinique

 

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