Biodiversité

Petites histoires naturelles: Le Colibri Madère…

Un hommage à cet oiseau de paradis si présent sous nos tropiques, le colibri!

Et un clin d’œil à Pierre Rabhi qui en a fait le symbole de son mouvement citoyen pour la Terre et l’Humanisme en raison de cette légende amérindienne:

“Un jour, dit la légende, il y eut un immense incendie de forêt. Tous les animaux terrifiés, atterrés, observaient impuissants le désastre. Seul le petit colibri s’activait, allant chercher quelques gouttes avec son bec pour les jeter sur le feu. Après un moment, le tatou, agacé par cette agitation dérisoire, lui dit : “Colibri ! Tu n’es pas fou ? Ce n’est pas avec ces gouttes d’eau que tu vas éteindre le feu ! ”

Et le colibri lui répondit : “Je le sais, mais je fais ma part.”

Roland Marraud des Grottes de la SEPANMAR, qui œuvre à la Martinique à une meilleure connaissance de nos espèces locales, nous raconte le Colibri Madère…

GENERALITES SUR LES COLIBRIS :
Les analyses génétiques font remonter l’apparition des premiers colibris à environ 35 millions d’années.
Ils font partie de l’ordre des apodiformes, qui sont des oiseaux aux ailes pointues et aux pattes très courtes.
Il y a un lien étroit entre les colibris et les fleurs. En effet le colibri se nourrit du nectar des fleurs, c’est son carburant, car il a de grands besoins énergétiques. En même temps il a un rôle actif dans la pollinisation des fleurs. Il faut noter qu’il a absolument besoin également de protéines, pour cela il attrape de petits insectes (moucherons, araignées, …).
Il faut noter au passage que les colibris peuvent battre des ailes dans n’importe quel sens, ce qui leur permet le vol stationnaire, ainsi que le vol en marche arrière.
En butinant le colibri va récupérer le pollen des fleurs sur ses plumes, il va ensuite semer ce pollen dans d’autres fleurs. Pour cette raison il a besoin de se laver régulièrement.
Il faut noter que certaines mites, qui se nourrissent de nectar et de pollen, profitent des colibris pour changer de fleurs. En effet, lors de la visite d’un oiseau, elles s’accrochent à son bec et s’introduisent dans les cavités nasales, où elles se logent en attendant que le colibri visite une autre fleur. Ces mites n’affectent aucunement les colibris.
Les couleurs de la plupart des colibris sont dues à des jeux de lumière dans les plumes, remplies de bulles d’air.
Il existe dans le monde près de 330 espèces de colibris. On ne les trouve que dans le Nouveau Monde (Les naturalistes utilisent parfois ce terme désuet pour désigner l’Amérique et l’Australie NDLR). La majeure partie d’entre eux vit sous les Tropiques.

A la MARTINIQUE nous pouvons observer quatre espèces de colibris :
– Le colibri huppé (0rthorhyncus cristatus)
– Le colibri falle-vert (Eulampis holosericeus)
– Le colibri à tête bleue (Cyanophaia bicolor). Il faut noter que celui-ci est endémique de MARTINIQUE et DOMINIQUE.
– Le colibri madère (Eulampis jugularis), objet de la présente note. Il est également appelé madère. Son nom anglais est Purple-throated carib. Il fait partie de la famille des Trochilidés.

Description :
C’est le plus gros et le plus commun de nos colibris. Il mesure de 12 à 13 cm. Sa face supérieure est d’un noir velouté. Ses ailes sont vert irisé, à reflets bleutés. Sa gorge est couleur grenat. L’iris et le bec sont noirs. Il a les pattes courtes.
Alimentation :
L’alimentation du colibri madère est principalement constituée de nectar de fleurs, qui lui sert de carburant. Il recherche également des insectes. Cet apport de protéines grâce aux insectes consommés lui est absolument nécessaire.
Habitat :
Le colibri madère se rencontre dans pratiquement toutes les petites Antilles. On le voit beaucoup près des habitations, dans les jardins. Il fréquente également la plupart des forêts : forêt d’altitude, forêt mixte, forêt marécageuse, mangrove, forêt sèche.
Reproduction :
Le colibri madère se reproduit toute l’année, avec un pic d’avril à juin. La femelle pond deux œufs blancs, qu’elle va couver seule pendant 16 à 18 jours. Elle va également nourrir seule les poussins. Ceux-ci quittent le nid environ 18 jours après l’éclosion.
Particularités :
Il est possible de déterminer le sexe du colibri madère à partir du bec : celui de la femelle est plus long et plus courbe que celui du mâle (voir photo).
Statut :
Le colibri madère est protégé par arrêté préfectoral. De ce fait la destruction ou l’enlèvement, la mutilation, la naturalisation ou, qu’ils soient vivants ou morts, leur transport, leur colportage, leur utilisation, leur mise en vente ou leur achat sont interdits.
Avertissement :
Pour attirer le colibri madère, on utilise parfois des biberons de grenadine, vendus dans le commerce. Il faut attirer l’attention des utilisateurs sur les dangers de cette pratique, et les précautions à prendre. Au bout de quelques jours en effet le mélange sucré fermente et s’alcoolise. Des champignons apparaissent également, qui peuvent étouffer l’oiseau.
Si on met de grandes quantités à la disposition de l’oiseau il risque de perdre son indépendance énergétique, et ne plus consommer que ce mélange sucré. Or comme nous l’avons indiqué il doit également consommer des insectes qui lui apportent les protéines dont il a absolument besoin. Également, il ne remplira plus sa fonction de pollinisation des fleurs.
Il faut donc donner peu de mélange sucré, et le changer fréquemment.

 

Bibliographie :
– Révérend Père Robert PINCHON : Faune des Antilles françaises – Les oiseaux – 2ème édition 1976
– Edouard BENITO-ESPINAL et Patricia HAUCASTEL : Les oiseaux des Antilles et leur nid – Petites et Grandes Antilles – 2003
– Herbert RAFFAELE – James WILEY – Orlando GARRIDO – Allan KEITH – Janis RAFFAELE : – Birds of the West Indies – 2003
– David ALLEN SIBLEY : Le guide SIBLEY des oiseaux de l’Est de l’AMERIQUE du NORD – 2006
– National Geographic : Guide d’identification des oiseaux de l’Amérique du Nord – 3ème édition – 2002
– Site internet : http://www.virtualmuseum.ca
– Site internet Birds and Co : http://www.sosdom.lautre.net

(crédit photos : Roland MARRAUD des GROTTES)

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