Biodiversité POINT FORT

Le GIEC pour la biodiversité réuni à Paris pour ralentir l’extinction massive en cours des espèces

Le temps d’une semaine, Paris va devenir la capitale de la biodiversité. Du 29 avril au 4 mai, elle accueille la nouvelle session plénière de l’IPBES, la plateforme intergouvernementale pour la biodiversité, l’équivalent du GIEC sur le climat. Cette séance est particulièrement importante car les 132 États membres vont devoir valider la première évaluation scientifique sur l’état mondial de la nature.

Du 29 avril au 4 mai, Paris accueille la 7e session plénière de l’IPBES, la Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques. Pendant une semaine, les 132 États membres vont devoir s’accorder sur la première évaluation scientifique de l’état de la nature. Une urgence à l’heure où une extinction massive du vivant a lieu. Voici les principales clés pour comprendre les enjeux de cette session.

L’IPBES va publier la première évaluation intergouvernementale sur l’état de la nature à l’image des rapports du Giec sur le changement climatique.

1) L’IPBES, UN ORGANISME CRÉÉ SUR LE MODÈLE DU GIEC

Décrit comme le Giec de la biodiversité, l’IPBES (Intergovernmental Science-Policy Platform on Biodiversity and Ecosystem Services) a été créée en 2012, sous l’égide des Nations Unies, sur une idée lancée en 2005 par Jacques Chirac. L’ancien Pésident français souhaitait un dispositif similaire au Groupe intergouvernemental sur l’évolution du climat, créé en 1988, et qui a permis de parvenir à un consensus scientifique sur la réalité et la portée du réchauffement climatique.

À l’image du GIEC, l’IPBES permet de rapprocher scientifiques et décideurs politiques sur la question de la biodiversité. Son rôle est de collecter et synthétiser les données éparses recueillies par les experts du monde entier, pour mettre la question de la perte de la biodiversité sur le devant de la scène. La plateforme est composée d’un groupe d’experts multidisciplinaires de 23 membres répartis entre les cinq régions des Nations Unies et désignés pour un mandat de deux ans.

2) POURQUOI LE RAPPORT DE L’IPBES EST-IL SI IMPORTANT ?

Tous comme les rapports du Giec, les rapports de l’IPBES sont très attendus. Celui de cette année l’est d’autant plus qu’il s’agit de la première évaluation réalisée au niveau intergouvernemental, et la première synthèse globale définitive sur l’état de la nature, les écosystèmes et les contributions de la nature à la population depuis l’évaluation historique du millénaire publiée en 2005.

Ce document a été préparé par 150 experts internationaux en sciences naturelles et sociales venus de 50 pays, avec l’appui de 250 autres experts. Il examine les causes de la biodiversité et des changements dans les écosystèmes, leurs implications pour les populations, et les scénarios d’un futur durable d’ici 2050 afin d’éclairer l’élaboration des politiques à venir. Le rapport offrira aussi un état des lieux de la position du monde par rapport aux objectifs de développement durable (ODD), aux objectifs d’Aichi pour la biodiversité et de l’Accord de Paris sur le changement climatique.

Pour aboutir, ce travail aura nécessité trois ans, 2,4 millions de dollars et près de 15 000 références, comprenant des articles scientifiques et des informations gouvernementales. Il sera examiné et approuvé lors la session parisienne. Une version définitive sera officiellement publiée le lundi 6 mai.

3) QUE SAIT-ON DÉJÀ SUR L’ÉTAT DE LA BIODIVERSITÉ MONDIALE ? 

“Nous sommes en train de saboter notre propre bien-être à venir”, avait déclaré l’année dernière Robert Watson, le président de IPBES, au moment de la publication de quatre rapports sur l’état de la faune et la flore et d’un cinquième sur l’état des sols. La plateforme estimait alors que la ressource en poissons de la région Asie-Pacifique sera épuisée d’ici 30 ans et que 90 % de ses coraux pourraient être gravement détériorés d’ici 2050. En Afrique, ce sont plus de la moitié des espèces d’oiseaux et de mammifères qui seront perdues d’ici 2100.

Auparavant, l’IPBES avait averti sur le fait que la Terre est confrontée à une “extinction massive” d’espèces, la première depuis la disparition des dinosaures il y a environ 65 millions d’années et la sixième en 500 millions d’années. Au cours du siècle écoulé, deux espèces de vertébrés ont disparu chaque année en moyenne sur la Terre. “La protection des contributions inestimables de la nature à l’homme sera le défi majeur des décennies à venir. Les politiques, les efforts et les actions – à tous les niveaux. – ne réussiront que s’ils reposent sur les meilleures connaissances et données. C’est l’objectif de l’évaluation globale de l’IPBES”, explique Robert Watson.


Téléchargez la plaquette de l’IPBES


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