POINT FORT

Stéphane Torres, Directeur d’exploitation de SIDREP

Les bouteilles en plastique ont envahi notre quotidien. Eaux minérales, jus de fruit, lait, lessives… Ce sont des produits qui mettent plusieurs siècles à se dégrader dans la nature et leur incinération émet, quant à elle, du CO2 et des fumées polluantes. Heureusement, en Martinique, nous avons la chance d’avoir une usine qui s’occupe du recyclage des bouteilles en plastique. Rencontre avec Stéphane Torres, Directeur d’exploitation de SIDREP.

Pouvez-vous nous présenter votre entreprise ?

La Société Industrielle de Recyclage et de Production (SIDREP) a été créé il y trois ans. Nous sommes spécialisés dans le recyclage de bouteilles en plastique usagées, lesquelles après un processus spécifique de traitement deviendront des billes de P.E.T (polyéthylène téréphtalate), qui serviront à produire à nouveau des préformes (puis bouteilles) en P.E.T.

Ces bouteilles viennent du tri sélectif réalisé par les habitants de Martinique, Guadeloupe et Guyane puisque nous récoltons sur les trois régions.

Comment se déroule le processus de recyclage ?

Nous recevons des balles de plastique entre 250 et 500kg venant des trois territoires. Ces balles sont déballés. On va d’abord faire un prélavage de l’enveloppe globale de chaque bouteille, la débarrasser de tout ce qu’on peut trouver autour. Puis, les bouteilles sont triées par des machines optiques et par des personnes en cabine. Ensuite, ces elles sont broyées et lavés, selon un processus industriel de mise en conformité au contact alimentaire. Ce matériel est ensuite séché et stocké. Nous le passons au laboratoire pour contrôler que tout corresponds au cahier des charges. Enfin, ce matériel est retransformé une dernière fois en bile de RPET qui est le produit fini ici. Il servira à re fabriquer des bouteilles.

Au niveau local, nous fournissons une entreprise appelée MPM (Matières Plastiques Martiniquaises) à Ducos qui fabrique des préformes. Sinon le reste de notre production est exporté en France ou en Europe, selon les marchés. On vend un peu moins de 900 tonnes par an. Une bouteille c’est entre 11 et 55 grammes.

Vous exploitez environ combien de tonnes par an ?

L’année dernière, nous avons fait 980 tonnes sur un total exploitable que nous pensons se situer entre 8 000 et 12 000 tonnes par an.

C’est un volume faible, par rapport à ce qu’on peut récolter, notre estimation du potentiel exploitable se base sur ce que nous savons qui est mis sur le marché Martiniquais, Guyanais et Guadeloupéen. Nous ne récoltons qu’à peine 10% pour différentes raisons, soit les gens ne trient pas ou soit c’est mal voir pas ramassé par les collectivités. Donc, si vous rencontrez des difficultés au niveau du ramassage de vos contenants, n’hésitez pas à vous rapprocher des collectivités qui gèrent votre territoire, afin de leur signaler le problème et qu’il puisse y pallier rapidement.

J’en profite pour rappeler également qu’une bouteille, c’est un emballage unique. Elle ne doit servir qu’une seule fois. Si on remet quelque chose dedans on a de forte chances de polluer cette bouteille et qu’elle ne soit plus réutilisable en recyclage. Nous trouvons dans nos cabines de trie des bouteilles avec des piles, des tourne vice, plein de choses. On ne peut pas les enlever, si c’est de la peinture, ou de l’huile c’est pollué par exemple. Ce sont des choses qu’on ne peut pas recycler et qui partent à l’incinérateur en déchet ultime. C’est dommage d’avoir du plastique et de ne pas pouvoir le recycler.

Votre usine ne peut donc pas tourner à plein régime…

Non, car nous n’avons pas assez de plastique pour travailler en 3/8. Nous sommes actuellement en 2/8. Nous avons sept salariés, nous en avions onze l’année dernière, mais on a dû licenciés une équipe complète qui travaillait la nuit. Si nous retrouvons un niveau de production suffisant, nous pourrons remonter une troisième équipe de nuit. Une industrie a besoin de tourner en 3/8, c’est-à-dire 7 jours/7 et 24h/24, car sinon les machines s’abîment énormément.

Avez-vous réalisé des campagnes de sensibilisation ?

Nous ne faisons pas de campagne de sensibilisation, car ce n’est pas notre rôle et nous n’avons pas les moyens de faire, même si on en a énormément besoin. Cependant, la société Citéo, ex écoemballage qui est responsable de la gestion des déchets recyclables au niveau national donne des moyens financiers aux collectivités pour sensibiliser la population.

Par contre, nous réalisons régulièrement des visites de notre usine pour les scolaires ou les groupes.

Souhaitez-vous faire passer un message à la population ?

Premièrement, de trier, car c’est utile pour notre activité, mais surtout important pour notre environnement. Toutes les bouteilles qui ne viennent pas chez nous, ne disparaisse pas par enchantement, elles vont dans des exutoires qui sont la décharge de Sainte-Luce ou du Robert. Malheureusement une bouteille plastique, c’est une centaine d’année avant que la nature l’absorbe. On peut imager la menace que ça représente pour une île verte comme la nôtre. Alors, préservons la Martinique en triant, un geste écologique pour l’ensemble de notre planète est toujours appréciable.

Propos recueillis par Kaylan FAGOUR

 

Laissez un commentaire