Economie Circulaire et Sociale POINT FORT

Daniel ECALARD, de l’Association Martinique Course au Large

Lauréate de l’appel à projets du Ministère des DOM TOM sur l’économie sociale et solidaire, l’Association Martinique Course au Large (AMCL) est porteuse d’un projet qui permettra de faire découvrir aux jeunes en rupture sociale les différents métiers liés à la dépollution marine et au recyclage des Bateaux de Plaisance Hors d’Usage (BPHU). Discussion avec le président de l’association, Monsieur Daniel ECALARD.

Qu’est-ce que course au large?

À l’origine l’AMCL avait pour objectif de développer la voile sportive en Martinique, plus précisément la course au large. Le but était de faire découvrir aux jeunes et moins jeunes, cette possibilité de naviguer avec des bateaux de courses, au large, plutôt que de faire de la régate proche des côtes.

En quoi consiste le projet dont vous avez été lauréat ?

L’idée c’est de créer un chantier d’insertion, qui permettra à des jeunes à la recherche de formation ou d’emploi d’avoir une ouverture sur un nouveau métier; l’enlèvement des épaves. On a pensé que c’était intéressant de faire connaître les différentes spécialités de ce métier, et selon l’affinité que la personne aura sur tel ou tel métier, pouvoir lui offrir une formation plus poussée qui lui donnera un diplôme. Il y a un suivi qui sera fait niveau social et au niveau formation, et les personnes motivées pourront être dirigées vers des filières diplômantes afin d’avoir un métier. Il faut savoir que dans le domaine maritime il y a beaucoup de recherche au niveau des personnes qualifiées.

D’où vous est venue l’idée d’un tel projet ?

Depuis le départ, avec AMCL, on avait aussi en second plan la partie écologique. On voulait faire de la course au large, mais de manière propre. Moi j’ai participé à une course qui s’appelle la «Route du Rhum», une transatlantique en solitaire, avec dans l’idée d’avoir le bateau le plus propre possible; sans combustibles à bord, pas d’antifouling et cela associé à un hydogénérateur. Il y a eu des premières avec cette course, dont la première voile photovoltaïque avec des panneaux solaires très fins intégrés dans le tissu. C’était en 2014.

En parallèle j’ai été sensibilisé à tout ce qui se passait sur le littoral martiniquais avec les épaves qu’on rencontrait régulièrement. Lorsque tu navigues dans le coin et que t’es sensible à l’environnement, tu fais vite l’association de pouvoir éliminer ces épaves polluantes de part ce qu’elles contiennent (carburant, plomb, huile, batterie, etc.). L’idée a donc été de développer ce côté protection de l’environnement maritime.

Vous dites qu’il y a plusieurs spécialités. Qu’elles sont-elles ?

Dans un premier temps il y a les scaphandriers qui ont la tâche de renflouer les bateaux. Après, ça prend des compétences pour démonter l’épave, la découper, souder, etc. Il y a aussi tout le coté mécanique et tout ce qui est lié au plastique et au composite.

Certaines de ces épaves ne peuvent-elles pas être remises en état ?

Ça c’est le dernier volet du projet. Dans ces épaves il y a des bateaux intéressants qui ont été répertoriés, auxquels il est possible de donner une seconde vie. On parle ici de recyclage utile. C’est à dire pas simplement détruire pour protéger la nature, mais aussi donner une seconde vie à certains bateaux. En gros, on a répertorié 5% d’épaves qui pourraient avoir une seconde vie, soit parce que c’est un bateau historique ou atypique, voir un ancien bateau de course. À partir du moment où il est à peu près complet et pas complètement pourri, il y a possibilité de lui donner une seconde vie.

L’idée c’est de reconditionner le bateau, le remettre en état pour naviguer, faire profiter les jeunes en navigant avec eux ailleurs que sur la Martinique pour leur donner une vision plus Caribéenne, puis de revendre le bateau pour apporter un peu d’auto financement à l’association.

Il y a beaucoup d’épave en Martinique ?

Il faut savoir qu’en Martinique il y a environ 350 épaves répertoriées et que tous les ans il y a à peu près 15 à 20 épaves qui viennent s’ajouter au total. Il suffit d’un coup de vent d’ouest comme on a eu dernièrement pour que des bateaux se retrouvent à la côte, dans des rochers, à la dérive…

Ce type de projet nécessite beaucoup de gens ?

Il y a différents intervenants dont la Direction de la mer, qui a un regard sur toute la partie maritime, la DIECCTE, qui gère toute la partie chantier d’insertion, l’ADEME qui est liée au côté protection de l’environnement et gestion des déchets, il y a aussi la CTM qui intervient sur différents plans, sans oublier les partenaires qui nous permettront de réaliser les ateliers en lien avec les différents métiers.

Avez-vous des projets futurs ?

Déjà il y a le nouveau rapport de l’Association Course au Large avec les épaves. La structure risque donc de changer de nom et aussi de support, c’est à dire passer en SCOP plutôt qu’une Association. Il va y avoir une évolution sur la partie enlèvement d’épaves qui deviendra plus professionnelle.

Sinon la Caraïbe est petite il y a d’autres sites; pourquoi pas un projet similaire en Guadeloupe. Après un cyclone comme on a eu sur le nord, il y a à peu près 1000 bateaux déclarés en épaves. Pourquoi pas une structure mobile pouvant intervenir sur des sites hors Martinique. Mais bon; déjà on va se concentrer sur la Martinique, il y a suffisamment à faire.

Propos recueillis par Mariska Desmarquis

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