Gestion des Déchets / Valorisation

La permaculture sous toutes ses formes

La SCOP d’insertion MétaSystème offre des formations pour des métiers avant-gardistes. Lors d’une visite à l’atelier du collège de Saint-Esprit, Jimmy Lagrandcourt, formateur et cogérant, nous parle des objectifs, des actions et des projets futurs de la structure.

MétaSystème c’est quoi ?

Au départ, MétaSystème était une association qui s’appelait PNPE (Protection de la nature par l’emploi) et qui malheureusement n’a pas fonctionné. Avec les gens qui sont restés, on a décidé de passer au statut de SCOP d’insertion (société coopérative et participative). La SCOP a l’avantage de pouvoir subvenir à ses propres besoins en faisant du bénéfice. On peut travailler comme une entreprise professionnelle et on est pas en attente d’investissements, même si on a le droit et que nous faisons des dossiers de demande de financement.

Quels sont vos objectifs ?

La première chose, c’est de former et d’informer la population qu’il y a un autre moyen de faire de l’agriculture et de consommer avec l’outil qu’on a créé. Nous travaillons en collaboration avec les établissements scolaires pour donner des formations aux étudiants et aussi aux jeunes à la recherche d’emploi et aux jeunes en insertion. Les deux formations offertes sont les métiers de jardinier urbain et celui d’éco-technicien.

En quoi consiste la formation de jardinier urbain ?

La formation consiste à éduquer les gens sur l’application de la permaculture agricole afin de régénérer les sols, de produire beaucoup plus et surtout de réduire le taux de chlordécone dans le sol. C’est principalement avec cette idée que nous travaillons. De plus, en faisant du hors sol, on peut produire des aliments qui normalement ne sont pas autorisés sur des surfaces en chlordécone. On veut rendre positif et de façon exponentielle, un sol qui est rendu à zéro, inculte et pollué.

La permaculture agricole, comment ça fonctionne ?

Par exemple, des bacs sont construits à partir de 4 palettes de bois avec une lanière autour pour les maintenir ensemble. À l’intérieur, des écorces de palmier y sont disposées afin de retenir le futur terreau. Au centre, sont ajoutés différents paillages, comme de la bagasse, qui constitueront le futur terreau. Le même principe peut être reproduit, en forme de bute, directement sur le sol. À partir d’un an, on a suffisamment de nouveau sol pour pouvoir produire les légumes racines pays qui sont interdits de production dans les terrains où il y a de la chlordécone. Tout ce qu’on fait est analysé, le terreau produit, ainsi que la nourriture. On travaille avec les laboratoires européens. Il faut donc pouvoir stocker la matière, attendre l’analyse et travailler avec.

Qui peut bénéficier des produits qui sont récoltés en milieu scolaire ?

Lorsque la production est faite en milieu scolaire, on ne peut que vendre aux familles, aux visiteurs et au personnel. Nous produisons essentiellement tout ce qui est légumes du potager et condiments pour l’assaisonnement des plats.

…Et en milieu privé ?

Nous produisons aussi chez les privés. Quand on fait un jardin pour un particulier, nous discutons ensemble des types de légumes qu’il veut manger et suite à cela, nous mettons en place le jardin en fonction de ses besoins et de ses capacités. Parce que c’est ça la permaculture : il faut que le temps que vous allouez à produire soit inférieur, en terme d’énergie, à ce que vous allez récolter. On ne peut pas récolter 1000 calories dans un jardin, alors que 5000 calories ont été nécessaire à la production. Il suffit de suivre correctement les principes de la mise en place du jardin et tout le monde arrive à produire.

En quoi consiste la formation d’éco-technicien ?

Puisque nous somme toujours à la recherche de matériaux bio ressourcés, nous recyclons la palette de bois pour la construction de meubles. La particularité de nos constructions, se qui nous différencie au niveau du marché, c’est que nous faisons ça avec le moins d’énergie fossile possible, c’est à dire en permaculture. Nous favorisons l’utilisation des clous recyclés provenant de la palette de bois et utilisons le moins de vis possible. On essaie de limiter au maximum le temps alloué au ponçage et à la finition pour ne pas avoir une empreinte carbone importante et on récupère les palettes de bois à proximité de notre atelier. Nous faisons nos meubles en fonction de la disponibilité en bois, ce qui demande à l’éco-technicien de la créativité et de l’imagination pour pouvoir réaliser le meuble dont le client a besoin quel que soit le type de bois, mais aussi des notions de mathématique.

Nous donnons aussi des cours de fabrication accompagnés. Dans ces cours, les gens viennent à l’atelier et nous les aidons pendant 3 heures à construire le meuble de leur choix.

Qui peut se procurer les meubles que vous fabriquez ?

Tout le monde peut acheter nos meubles, le privé et le public. Nous fabriquons tout, et à la demande. On fait du copier coller de tout ce qui existe en mobilier. Le plus souvent nous demandons à notre clientèle de trouver sur internet quelque chose qu’ils aiment et dont ils ont besoin et nous on le reproduit. Et si le meuble brise, vous nous appelez et nous allons le réparer.

Avez vous des fournisseurs ?

Il y a deux types de palette de bois. La palette «Europe», qui est consignée et la palette «de bois perdu» qui n’a pas de législation. Dans le bois perdu, on a des fournisseurs qui nous donnent du bois de bonne qualité et de dimension intéressante. Nous récupérons aussi les premières planches de bois des scieries martiniquaises, «la croûte», pour en faire des meubles divers.

Combien d’employés travaillent chez MétaSystème ?

MétaSystème est une SCOP qui tourne avec un noyau dure de 3 personnes en cogérance et un certain nombre de jeunes qui ne sont pas employés directs. Nous faisons travailler des jeunes adultes, nous prenons des stagiaires et parfois, sur des chantiers, nous devons embaucher temporairement des jeunes. Ce qui nous intéresse c’est surtout de pouvoir nous dupliquer. On veut montrer que ce modèle est réalisable, dans tous les collèges de la Martinique. Il y a plus de 40 collèges en Martinique, il y a donc de la place pour pas mal d’équipes.

Avez vous des projets futurs ?

Avec les bases, les concepts et les systèmes qu’on utilise, il serait intéressant pour nous de travailler sur des espaces beaucoup plus grands. Par exemple, pour ce qui est du métier de jardinier urbain, on utilise beaucoup la permaculture. Ce nouveau type d’agriculture doit s’adapter à la Martinique parce qu’il est sans chlordécone. Nous, on s’attaque directement à cette problématique en faisant connaître aux gens les différentes façons de cultiver, mais sans terre.

Propos recueillis par Mariska Desmarquis


Contact : j.lagrandcourt@metasystemes.com

Tel : 0696 01 00 66

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