Education Env. & Dév. Durable POINT FORT

Marie-Lyne Lise, directrice de l’école de Café

La communauté scolaire de l’Ecole de Café au Robert est fortement engagée dans le développement durable. Depuis plusieurs années, elle bénéficie du label Eco-Ecole. Martinique2030.com a rencontré Marie-Lyne Lise, sa directrice.

Comment avez-vous eu l’idée de participer au programme Eco Ecole ?

Depuis 2012, nous travaillons sur le développement durable, au départ c’était une action qu’on avait avec CAP NORD. Il s’agissait d’un concours où il fallait trier le mieux possible les déchets et c’était à la quantité de déchets qu’on nous décernait un prix. Nous sommes arrivées deuxième en 2012 et l’année d’après nous avons fait un travail de tri beaucoup plus conséquent pour être premier.

Après cette expérience, nous avons continué ce travail pour voir ce que nous pouvions effectuer au niveau de notre école. En regardant sur internet, par hasard j’ai vu la démarche Eco Ecole, ça m’a plu, je l’ai donc présenté à mes collègues. Nous sommes une équipe plutôt dynamique avec beaucoup d’idées, donc ils ont adhéré à cette idée et nous avons commencé ce projet avec plusieurs thématiques.

La démarche Eco Ecole c’est une démarche qui se met en place sur une petite communauté pour voir ce que l’on peut améliorer au niveau de l’école.

Quelles thématiques avez-vous abordés ?

Nous changeons chaque année de thématique, la première c’était les déchets puisque nous avions déjà travaillé dessus. Nous avons également eu comme thème l’eau, l’énergie et cette année c’est la biodiversité.

Pour les déchets, on a envisagé qu’il fallait évidemment réduire les feuilles que nous utilisions. On utilise donc beaucoup plus l’ardoise que le cahier. On a favorisé l’utilisation de la gourde, au lieu d’acheter des bouteilles d’eau, afin d’utiliser moins de plastiques. On a également demandé à la commune et à CAP Nord un composteur, une équipe de l’agglomération est venue faire une démonstration pour les enfants. Nos déchets verts ce sont essentiellement des éplucheurs de fruits.

Nous avons également trouvé des solutions sur le thème de l’eau. On a par exemple demandé des robinets particuliers à la ville, pour qu’ils ne restent pas tout le temps ouvert et il y a des brigades au niveau de nos élèves qui vérifient que les robinets soient bien fermés.

Au niveau de l’énergie, on s’est procuré les factures à la mairie pour voir notre consommation et on a étudié les solutions pour la réduire. Nous avons par exemple demandé la mise en place de lampes plus économes. On fait aussi en sorte que de 10h à 11h, il n’y ait pas de lumière. Cela nous a permis une petite économie de 150 euros sur l’année. Cependant, telle que disent les enfants : « Il n’y a pas de petite économie».

A l’école de café, on fait notre part comme dans la légende du colibri :

Un jour, dit la légende, il y eut un immense incendie de forêt. Tous les animaux terrifiés, atterrés, observaient impuissants le désastre. Seul le petit colibri s’activait, allant chercher quelques gouttes avec son bec pour les jeter sur le feu. Après un moment, le tatou, agacé par cette agitation dérisoire, lui dit : “Colibri ! Tu n’es pas fou ? Ce n’est pas avec ces gouttes d’eau que tu vas éteindre le feu ! “

Et le colibri lui répondit : “Je le sais, mais je fais ma part.”

Quels sont les acteurs de ce projet ? Comment est-il mise en place ?

Le projet implique tout le monde, toute la communauté scolaire, les enfants, les enseignants, mais également le personnel municipal et les parents évidemment.

Au départ du projet, on forme un comité composé de représentant des enfants, parents, enseignants, des associations et collectivités pouvant nous aider.

Nous établissons ensuite un diagnostic avec les enfants, ils sont consultés à travers un questionnaire pour recueillir leurs idées.

Ensuite, on réalise un plan d’actions, les enseignants choisissent ce qui sera étudié lors des cours à chaque niveau, quelles actions seront mises en place pour traiter les différentes problématiques. Le projet fait partie intégrante de notre projet pédagogique.

Les parents sont aussi sollicités, car les enfants ont par exemple eu l’occasion d’aller chez eux avec des grilles pour étudier les factures, les grands postes de consommation. Ils ont des échanges en famille.

Nous organisons également des visites sur le terrain, nous avons pu voir un champ photo-voltaïque, le bus de l’énergie est par exemple venu à l’école.

Chaque année, pour conclure nous organisons un spectacle de fin d’année sur le thème du projet. Le dernier s’intitulait « L’énergie à travers les âges ». Les enfants exposent également à cette occasion leurs maquettes, ils ont fait par exemple des moulins à vents, à eau…

Nous présentons ensuite le projet réalisé à Eco Ecole qui l’étudie pour savoir s’il nous décerne le label. Nous recevons ensuite le panneau affichant notre labellisation.

 

Quelles sont les structures avec lesquels vous avez collaboré ?

Nous avons travaillé avec Cap nord, l’ODE, l’ADEME, et le Carbet des Sciences qui propose de très belles expositions. J’en profite pour remercier les bénévoles de ces structures pour leurs participations.

Cette année qu’avez-vous prévue ?

Pour la biodiversité, nous allons organiser une sortie à l’Etang des Salines pour étudier les oiseaux. Nous travaillerons également avec l’ONF sur un projet qui s’appelle Ti forestier et dans ce cadre nous allons visiter la forêt humide et la forêt sèche. Nous avons également pour projet d’étudier les insectes présents à l’école comme le moustique, les tourterelles. Le but de la classe de CM2 c’est de faire des nichoirs, car on s’est rendu compte qu’elles nichaient n’importe où et que les petits tombaient. Notre thème de carnaval c’est également la biodiversité.

Un projet qui débute, les idées fusent et les parents sont présents pour nous aider.

Vous avez également formulé le vœu que soit posé de panneaux photo-voltaïques sur l’école ?

Oui nous avons fait la demande auprès de la municipalité pour dire que ce serait intéressant. Nous avons fait des études à notre niveau évidemment pour voir ce que ça pourrait nous apporter. Nous avons eu la surprise cette année de voir qu’une société est venu pour mesurer les toits et voir dans quelle mesure ce serait possible. Nous espérons que ce projet se réalise.

Vous avez récemment reçu le prix Education Citoyenne de la Jeunesse, quelle est votre réaction ?

C’est une fierté pour toute l’école. C’est la reconnaissance d’un travail d’équipe et c’est toujours plaisant de voir qu’on reconnait nos efforts, car ce n’est pas toujours si évident pour nous.

Il y a une bonne dynamique qui nous permet de réaliser chaque année un projet et c’est bien d’être reconnu par ses pairs et par l’Ordre Nationale du Mérite.

Kaylan FAGOUR

Laissez un commentaire