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Climat, tous les voyants sont au rouge

Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a publié le 8 octobre dernier un rapport scientifique historique qui révèle la nécessité d’une action urgente pour réussir à limiter le réchauffement planétaire à 1,5°C. L’objectif du rapport est d’être une feuille de route pour les états afin de limiter les effets du bouleversement climatique.

Les années qui viennent seront certainement les plus importantes de l’histoire de l’humanité car un défi colossal se présente à nous, celui de changer radicalement et rapidement le mode de fonctionnement de nos sociétés sous peine de voir disparaître le monde tel que nous le connaissons aujourd’hui. Pour les climatologues qui tentent d’alerter les responsables politiques depuis une quarantaine d’années, tous les voyants sont à présent au rouge mais il est cependant encore temps d’agir…Après il sera trop tard et l’emballement du climat deviendra incontrôlable par l’humanité. La seule solution est de passer à une économie complètement décarbonée. Selon le communiqué  du GIEC du 8 octobre « Il est indiqué dans le rapport que la limitation du réchauffement planétaire à 1,5 °C nécessiterait des transitions «rapides et de grande envergure» dans les domaines de l’aménagement du territoire, de l’énergie, de l’industrie, du bâtiment, du transport et de l’urbanisme. Les émissions mondiales nettes de dioxyde de carbone (CO2) d’origine anthropique devraient être réduites d’environ 45 % par rapport aux niveaux de 2010 d’ici à 2030 »

Rester en dessous de 1 degré et demi de réchauffement est une impérieuse nécessité…

Les scientifiques ont écrit deux scénarios possibles à l’horizon 2100. Une planète affichant un réchauffement d’1 degré et demi et alors le niveau des océans augmenterait de 48cm en impactant 46 millions de personnes. Avec 2° en plus les océans augmenteraient de 56cm et toucherait 49 millions de personnes, 18% des insectes, 16% des plantes et 8% des vertébrés disparaitraient.

Ce rapport était très attendu par la plupart des ONG et des groupes de défense de l’Environnement. Des appels à la mobilisation contre le dérèglement climatique retentissent aux quatre coins de la planète. Les responsables politiques et les industriels sont mis en cause et les citoyens se lèvent pour alerter les décideurs dans une marche mondiale pour le climat.

Nous retranscrivons ici la réaction de Pascal Canfin, directeur de l’ONG, WWF qui appelle à un Big Bang sociétal…

« Il a fallu 150 ans pour que le climat se réchauffe d’1° et il ne faudra que 50 ans pour que le climat se réchauffe d’1 autre degré. Le dérèglement climatique va aller trois fois plus vite à l’avenir. Nous sommes en train de perdre le contrôle de la machine climatique terrestre et du réchauffement que nous avons mis en route. Cela prouve qu’il est indispensable d’agir maintenant pour la stabilité de notre monde pour notre capacité à vivre ensemble demain.

Le rapport du GIEC démontre que si on ne fait rien nous aurons atteint 1 degré et demi en 2040 et 2° de réchauffement en 2075. L’immense majorité des générations qui traverseront le siècle et qui connaitront un monde à 2° de réchauffement sont déjà nées. Ce n’est donc pas pour les générations futures, c’est pour nous et pour les enfants qui sont déjà nés aujourd’hui. Donc c’est un sujet immédiat et pas un sujet à remettre à plus tard. C’est pour ça que WWF en appelle à un Big Bang. On ne peut pas se contenter d’une politique de petits pas qui finit par produire des effets, mais des effets trop tardifs et insuffisants. C’est pour ça qu’on en appelle au Président de la République et au premier Ministre, pour qu’ils s’organisent enfin pour qu’on puisse gagner cette bataille. La bonne nouvelle c’est  aussi dans le rapport du GIEC, c’est que nous avons toutes les solutions, on sait faire des voitures propres, on sait faire des trottinettes et des vélos électriques, on sait faire des énergies renouvelables, des maisons à énergie positive, on sait tout faire. Simplement aujourd’hui nous ne sommes pas organisés pour changer d’échelle et en faire une priorité. Or, le rapport du GIEC le montre aussi, il y a beaucoup plus d’emplois à créer dans une économie décarbonée qui lutte contre le dérèglement climatique que d’emplois qui risquent d’être détruits. Il y a donc un bénéfice environnemental évident, un bénéfice économique de plus en plus réel et un bénéfice en termes de sécurité. Donc, on voit bien tous les bénéfices d’une action climatique. Et à l’inverse nous avons vu cet été la bande annonce d’un film qu’on n’a pas envie de voir. Celle du climat qui se dérègle et génère des évènements climatiques extrêmes que nous avons tous pu commencer à toucher du doigt. Notre appel est urgent, il faut absolument que tous les responsables politiques, que les chefs d’entreprise lisent ce rapport que vous aussi le lisiez,  pour que la question climatique soit une priorité absolue de nos actions. »

Le rôle du GIEC

Le GIEC est le principal organisme international chargé d’évaluer les activités scientifiques consacrées aux changements climatiques, les conséquences de ces changements, les risques potentiels qui y sont liés, ainsi que les mesures susceptibles d’être prises pour y faire face.

Ce rapport spécial du GIEC est le premier d’une série qui sera établie sur des thématiques spécifiques jusqu’en 2022, date de la prochaine évaluation du changement climatique. L’élaboration du « Rapport spécial sur les conséquences d’un réchauffement planétaire de 1,5 ºC », avait été demandée à l’occasion de la 21ème Conférence des Parties (COP21) à Paris. Ce rapport sera un élément central de la COP 24 qui se déroulera en décembre prochain en Pologne et qui permettra de faire le point sur les efforts collectifs déployés par les Parties en vue d’atteindre l’objectif à long terme énoncé dans l’Accord de Paris.

Il a le mérite d’être une sorte de feuille de route pour les décideurs de la planète.

«Ce rapport présente aux décideurs et aux professionnels les informations dont ils ont besoin pour prendre des décisions relatives aux changements climatiques en tenant compte des spécificités locales et des besoins des populations.» Debra Roberts, coprésidente du Groupe de travail II. Il a été élaboré par 91 auteurs de 44 nationalités différentes et 133 collaborateurs scientifiques.

L’urgence de la transition énergétique sur tous les territoires

La population martiniquaise ne semble pas ressentir l’urgence d’agir même si le changement climatique et ses terribles conséquences sont nettement plus visibles dans les territoires insulaires (ouragans, envahissement des algues).Mais au lieu de campagne de sensibilisation sur le changement climatique et les manières de lutter contre, la publicité sur les affiches 4X4 pousse le consommateur vers toujours plus de consommation et notamment de voitures grosses cylindrées. Les projets de transition énergétique ont même été sujets à controverse avec des choix de dispositifs jugés dangereux pour l’Environnement comme NEMO et ALBIOMA. Il est difficile de croire dans ce contexte que les décideurs ont pris conscience de l’urgence climatique.

Cependant, de nombreuses initiatives proposant des alternatives au toujours plus de croissance, voient le jour ces dernières années et des groupes de citoyens sensibles à l’ultimatum climatique se mobilisent sur les réseaux sociaux. D’ailleurs pour la première fois, la Martinique rejoindra samedi 13 octobre, le mouvement mondial de marche pour le climat dans les rues de Fort de France. Il n’est pas encore trop tard pour agir !

Nathalie Laulé

Et pour en savoir plus sur le rapport du GIEC : Résumé à l’intention des décideurs relatif au Rapport spécial sur un réchauffement planétaire de 1,5 ºC consultable à l’adresse http://www.ipcc.ch/report/sr15/

 

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